ARTE Reportage
Argentine : mission condors / Syrie-États-Unis : itinéraire d’un déraciné2 min
Available from 15/08/2025
À la télévision le 2025-08-16
Émission du 16/08/2025
Le condor, géant des cieux, est menacé d’extinction en Argentine. Des scientifiques luttent pour sa survie / En août 2022, un corps sans vie est repêché dans les eaux du Rio Grande. Il s'agit de Mohammed Dahhan, un Syrien déraciné par la guerre, qui a tenté de passer clandestinement et a fini noyé dans le fleuve, comme des centaines d'autres migrants avant lui.
Argentine : mission condors
En Amérique du Sud, un géant lutte pour sa survie : le condor. Ce rapace, vénéré par tous les peuples andins, a fait son entrée en 2020 sur la liste rouge des espèces menacées d’extinction. À son chevet, un biologiste argentin, Luis Jácome, qui consacre sa vie à protéger le roi des cieux.Sauvetage d’animaux blessés ou empoisonnés, reproduction en captivité et réintroduction dans le milieu naturel, sensibilisation dans les écoles et au sein des communautés locales : Luis et son équipe se battent au quotidien pour que le condor andin ne connaisse pas le même sort que son cousin de Californie, déclaré éteint il y a quelques années.L’équipe d’ARTE Reportage plonge au cœur d’un vaste mouvement international : le rewilding. Face à la dégradation de la biodiversité, partout dans le monde, des scientifiques tentent de restaurer des écosystèmes en réintroduisant des espèces menacées. Mais en Argentine, les défenseurs de l’environnement font face à la défiance du nouveau président Javier Milei. Les lois de protection de la nature sont menacées, les financements pour la conservation se raréfient, et les défenseurs de l’environnement se sentent de plus en plus vulnérables.Mais Luis Jácome ne baisse pas les bras. Il a déjà relâché 500 condors dans 14 provinces, revitalisant par la même occasion les traditions spirituelles et culturelles des peuples autochtones des Andes.
Syrie-États-Unis : itinéraire d’un déraciné
En août 2022, un corps sans vie est repêché, à l'aube, dans les eaux du Rio Grande, par les pompiers-urgentistes d'Eagle Pass, petite ville frontalière entre le Mexique et les États-Unis. L'homme a tenté de passer clandestinement. Il a fini noyé dans le fleuve, comme des centaines d'autres migrants avant lui. Comme la plupart d'entre eux, il a été enterré à la va-vite par les autorités américaines. Dans le cimetière, il n'y a qu'une croix blanche, sans nom, au milieu d'une rangée de tombes identiques. Le drame qui a frappé cet homme est tristement banal le long de la frontière. Son histoire, en revanche, est extraordinaire. Mohammed Dahhan a vécu plusieurs vies. Il a rencontré sa femme Razan Suliman en 2012 à Alep, en pleine guerre civile syrienne. Deux ans plus tard, face aux combats qui ne cessent de s'intensifier et devant l'arrivée des milices islamistes, le couple se décide à quitter le pays. La route de la migration les conduit à Sao Paulo, au Brésil, où ils ouvrent un restaurant syrien dont la presse brésilienne se fait l’écho : repartis de zéro, le couple a su s'intégrer dans la société grâce à la solidarité des voisins. En 2020, le Brésil est frappé par l’épidémie de Covid : le restaurant est au bord de la faillite. La mère de Mohammed, réfugiée aux États-Unis, tombe gravement malade. Il veut la revoir à tout prix et peut-être tenter sa chance au pays du rêve américain. Il prend un avion pour le Guatemala, paye les services de passeurs qui le conduisent jusqu'aux abords du Rio Grande, le fleuve qui marque la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Son épouse garde le contact avec lui par téléphone jusqu'à la traversée. Au milieu du guet, le signal s'arrête. Razan reste sans nouvelles pendant plus de six mois. Puis, un matin, un coup de fil lui annonce que son mari est mort noyé. Mohammed, pourtant muni de son passeport, a été jeté dans une fosse commune avec 26 autres personnes enterrées ce jour-là. Face à l'augmentation constante du nombre de migrants qui tentent leur chance chaque année, les autorités ne cherchent pas à identifier les victimes du désert, du Rio Grande ou des bandes criminelles. Afin d'apporter des réponses aux familles sur le sort de leurs proches disparus, le South Texas Human Rights Center travaille avec des bénévoles et des scientifiques pour identifier les corps retrouvés le long de la frontière. Ainsi ont-ils exhumé le corps de Mohammed Dahhan six mois après sa disparition. Sans la démarche de ces volontaires, il serait resté anonyme pour toujours, laissant sa famille dans le doute et le deuil impossible.
Pays
France
Allemagne
Année
2025