La belle verte

Sur leur planète Belle verte, des tribus de végétariens télépathes partagent un idyllique repas champêtre de Nouvel An et fixent le programme de l'année à venir : troc, amour, voyages… Mila, jeune veuve de 143 ans dont la mère était humaine, est la seule volontaire à accepter de se rendre sur Terre. Plantant là sa progéniture, elle embarque dans une bulle qui la dépose à Paris, avec la mission de "déconnecter" le plus possible d'humains pour les aider à remettre leurs priorités dans le bon ordre, eux qui sont si en retard sur tout…

Avec le temps
Comment ça va, sur la Terre ? En 1996, pas si mal, rétrospectivement. Mila (Coline Serreau), elle, n'en revient pas de tant de pollution, de goût aberrant pour le pouvoir et d’absurdités sous couvert d’une "rationalité" bien difficile à identifier. Lancée dans le Paris d'il y a trente ans, où tout semble sympathiquement vieillot, à commencer par les voitures (elle atterrit au bord du périph embouteillé) et l'absence de téléphones portables, elle y sème une joyeuse zizanie, secondée par un arrogant patron de maternité (Vincent Lindon) transfiguré par ses soins. Moquée à sa sortie par une part de la critique et boudée par le public, cette fable loufoque a repris un coup de jeune à la lumière d'un présent à bout de souffle. Les ricanements suscités jadis par son message écolo-féministe apparaissent aujourd'hui étrangement anachroniques, tandis que le passage du temps confère au côté bricolo de la science-fiction à petit budget un plaisant second degré, entre utopie et parodie.