Romuald et Juliette

Mère courage de cinq enfants de pères différents, Juliette, antillaise, fait des ménages de nuit dans les bureaux d’une grande entreprise de produits laitiers, avant de retrouver sa marmaille endormie dans son HLM à l’ascenseur toujours en panne. Un soir, elle surprend les manigances de cadres de la société pour évincer le PDG, Romuald Blindet. Collectant des indices de leurs intrigues, elle prévient ce dernier du délit d’initiés et du scandale sanitaire dans lesquels ils tentent de le précipiter. Acculé, Romuald se réfugie chez elle, le temps de prouver son innocence.

Fable sociale
Authenticité, générosité, solidarité… Dans cette fable irriguée d’optimisme, Coline Serreau, qui vient de conquérir le monde avec Trois hommes et un couffin, imagine un idéal de mixité sociale d’un temps révolu. Sans s’encombrer de vraisemblance, la cinéaste, utopie en étendard, explore le lien qui se tisse entre deux êtres qu’a priori tout oppose, pour les emporter dans une tendre histoire d’amour. Coincé dans sa tour d’ivoire de nanti en même temps que dans son libéralisme forcené, Romuald veut d'abord supprimer les contrôles sanitaires de ses chaînes de pots de yaourt pour augmenter les cadences et les profits. Mais si le chef d’entreprise, plus aveugle que cynique, parvient bientôt à s’adapter à la vie de prolétaire en goûtant les valeurs qui manquaient à sa vie bourgeoise aseptisée, il ne voit pas pour autant les sacrifices consentis par sa bienfaitrice pour son confort : Juliette campe dans le salon quand lui trouve naturel de dormir dans son lit. Il lui faudra aussi du temps pour venir en aide à sa sauveuse, quand elle le sollicite à son tour pour son fils aîné, placé en détention. Face à Daniel Auteuil (Romuald) en roue libre, Firmine Richard, repérée à l’aube de la quarantaine dans un restaurant par une agente de casting, habite le film de sa lumineuse présence dans le rôle de Juliette, créditant ce conte de fées moderne de son autorité naturelle.