Chère Louise

Louise, quadragénaire divorcée, vient d’enterrer sa mère et décide d’entamer une nouvelle vie à Annecy, avec ses deux chiens. Professeure de dessin, elle glisse avec élégance dans la solitude. Un jour, elle vient en aide à un jeune Italien de 23 ans sans travail ni toit, qu’elle a croisé dans la rue. Commence entre eux une grande et fragile histoire d’amour. Luigi, auquel elle trouve un emploi, s’installe dans son quotidien, avec sa joie de vivre, ses absences et ses retours. Louise, elle, se moque des regards réprobateurs qu’elle suscite et encourage son amant à vivre des expériences avec des filles de son âge.

Passion simple
Œuvre méconnue de Philippe de Broca, Chère Louise diffuse un étrange parfum, sur fond de cité provinciale aux couleurs des années 1970. Presque durassien dans son rythme, ce "film d’auteur" en demi-teinte, qui dénote dans la filmographie du cinéaste, suit une Jeanne Moreau de presque tous les plans dans ses rituels quotidiens d’amoureuse de la vie – de la dégustation d’un vin à la contemplation d’un rayon de soleil – tout en évitant de lever le voile sur son mystère. Écrit pour la comédienne par Jean-Loup Dabadie à partir d’une nouvelle de Jean-Louis Curtis, il met en scène une femme souveraine qui se raconte peu, sinon à travers cette passion simple, à l’érotisme tout en pudeur. Si la relation est infusée de tendresse, le désir de la professeure d’éduquer son amant, qui s’y prête de bonne volonté – savoir-vivre, leçons d’écriture… –, érode sa légèreté. S’abstenant de toute jalousie au prétexte qu’elle s’interdit de le retenir, Louise pousse l’éphèbe à vivre des aventures, complaisance qui n’a au fond d’autre but que de le garder auprès d’elle. Sur une musique de Georges Delerue, un délicat portrait de femme.