Le renard qui a sauvé son île

Les Channel Islands, au large de la Californie, n'ont jamais été reliées au continent. Une flore et une faune exceptionnelles se sont développées à la faveur de cet écosystème isolé, qui a engendré chez certaines espèces des morphologies uniques au monde. Ainsi le renard gris : arrivée il y a 13 000 ans dans les bateaux des premiers occupants de l'archipel, cette espèce a vu progressivement sa taille diminuer pour s'adapter à un milieu clos, aux ressources limitées. Pas plus de cinquante centimètres de long, à peine le poids d'un chat ; ces renards sont pourtant à la tête de la chaîne alimentaire sur l'île de Santa Cruz, au centre d'un cercle vertueux interconnectant de nombreuses espèces, participant aussi, en tant qu'omnivores, à la végétalisation de l'île, qui elle-même permet que les côtes soient préservées. Cet extraordinaire équilibre s'est cependant retrouvé en grave péril au tournant des années 2000, lorsque les renards ont vu disparaître les pygargues, une espèce de rapaces qui jusque-là les protégeaient des prédateurs importuns…

Réactions en chaîne
Les pygargues de l'île de Santa Cruz se sont éteints à force d'absorber des composés chimiques rejetés dans l'océan par une usine de Los Angeles, responsable d'une grande partie de la production américaine de DDT, insecticide qui connaissait un grand succès dans les années 1950. Le film décrit les réactions en chaîne qui se sont produites dans le milieu naturel de l'île à la suite de cette perturbation initiale : si un plan de conservation n'avait pas été mis en œuvre entre 2002 et 2007, elles auraient pu conduire à sa désertification définitive. Si les renards ont aujourd'hui repeuplé Santa Cruz, ce sauvetage n'a pu être réalisé que grâce au périmètre limité de l'île, alertant une fois de plus sur le caractère irréversible des interventions humaines sur les écosystèmes.