Groenland, dans le sillage de Charcot

Dans les dédales souterrains du Muséum national d'histoire naturelle, à Paris, le géologue Pierre Sans-Jofre et la micropaléontologue Marie-Béatrice Forel ont découvert de mystérieuses caisses poussiéreuses, encore scellées. Ramenées par l'explorateur Jean-Baptiste Charcot il y a un siècle, elles contiennent de nombreux échantillons de roches et de précieux carnets documentant les missions de ce grand prospecteur de l’Arctique. Lorsqu'ils identifient des fossiles de micro-organismes à la surface d’un échantillon, le projet d’une ambitieuse expédition naît dans l’esprit des deux chercheurs : s’ils pouvaient retrouver les mêmes organismes, vivants, dans les lieux précis où Charcot a effectué ses prélèvements cent ans plus tôt, ils pourraient mettre au jour des indices essentiels sur l'adaptation des écosystèmes locaux au changement climatique. En effet, l'équilibre de toute la chaîne alimentaire arctique, des poissons aux ours polaires en passant par les phoques et les narvals, repose sur ces minuscules crustacés… 

Héritiers 
Lors de leurs deux périples dans le Scoresby Sund, le plus grand fjord du monde, le duo va réussir à récolter de nombreuses données qui repoussent les limites de la science, malgré la météo imprévisible, les avaries matérielles et quelques ours de passage. Au plus près de ces deux passionnés, le documentaire de Victor Jullien, lui-même ancien ingénieur géologue, est porté par l'émotion et le mystère de leurs découvertes comme par la splendeur des paysages polaires. Un hommage au travail de ces dignes héritiers de l'explorateur, animés par l’urgence de comprendre la crise climatique, dans ces zones arctiques qui se réchauffent quatre fois plus vite que le reste de la planète.