Du Formol dans le cœur (1/5)

Il y a dix ans, alors que, âgée de 15 ans, Inès Berdugo revenait d'une colo estivale, son père est décédé soudainement d'une rupture de l'aorte. Elle n'avait ni pu lui dire au revoir, ni même se recueillir devant son corps, la famille ayant préféré lui épargner cette vision douloureuse. Depuis, des cauchemars récurrents hantent son sommeil et un vilain bouton lui pousse sur le menton tous les étés. Mais cette année, la pustule, qui a fleuri en dehors des dates habituelles, prend des proportions spectaculaires. Consultée par visio, une chamane diagnostique sans hésitation un travail de deuil inaccompli. Inès décide alors de prendre le problème à bras le corps et entreprend d'enquêter sur la mort, de rites religieux en pratiques funéraires. Elle commence par se rendre chez sa mère, dans un lotissement pavillonnaire, ce qui lui rappelle son premier grand chagrin d'enfant, la mort de sa chatte adorée Myrtille. D'ailleurs, est-ce par distraction que sa mère a installé le compost de jardin précisément sur la sépulture de cette chère disparue ?

De l’autre côté du miroir
Une réunion d'orphelins, une rencontre avec une thanatopractrice – qui prépare le corps des défunts avant les funérailles –, la visite d'un salon belge d’entreprises funéraires offrant de décoiffantes innovations, un entretien avec une rabbine, une célébration familiale de Pessah, la Pâques juive… :  en cinq volets, Inès Berdugo nous emmène dans ce voyage cathartique de l'autre côté du miroir dont, moderne Alice, elle est à la fois l'héroïne et la commentatrice. Sur un fil ténu entre premier et second degré, journal intime et documentaire, humour décalé et quête existentielle, ce récit à la fois drolatique et profond, à l'image de son merveilleux générique cousu main, nous rappelle en douceur, et même avec légèreté, que la mort fait partie de la vie.