ARTE Regards

Comment protéger l’Adriatique alors que le tourisme balnéaire et nautique est le pilier de l’économie croate ?
L’été, la côte et les îles croates sont un haut-lieu de navigation à voile et à moteur. Le revers de la médaille est un appauvrissement des populations de poissons, qui fuient le bruit et se réfugient dans des eaux plus profondes. Pêcheurs depuis plusieurs générations à Banjole en Istrie, les Skoko ont choisi de fermer boutique au mois d’août, même si cette période est la plus lucrative de l’année. L’essor de la navigation de plaisance a en outre entraîné le déversement de matières fécales en mer, bien que les ports soient tenus de mettre à disposition des systèmes d’évacuation des eaux usées. La marina gérée par Zeljko Baotic près de Trogir propose un tel service, mais par commodité ou souci d’économie, peu de plaisanciers y ont recours. Maria Blazina de l’institut de biologie marine de Rovinj tire la sonnette d’alarme : ses analyses révèlent une hausse de la pollution durant les mois d’été. Plus inquiétant encore : les microplastiques ingérés par les poissons, qui se retrouvent au final dans l’assiette des consommateurs. Par ailleurs, le réchauffement des eaux marines est responsable de la prolifération de parasites et de la disparition de la grande nacre à l’échelle de toute la Méditerranée. Dora Klisovic, experte-conseil auprès de l’aquarium de Pula, dirige un projet de réintroduction de ce coquillage dans la partie nord de l’Adriatique. Les deux scientifiques appellent de leurs vœux une meilleure régulation du secteur touristique, afin que la Croatie reste un pays où il fait bon vivre et un paradis pour les amateurs de voile.