360° ReportageL’or blanc de Noirmoutier

Nous sommes au début du printemps, l’île est encore plongée dans la grisaille hivernale. Pourtant, un jeune homme travaille seul au bord d’un immense bassin, un grand racloir en bois dans les mains : Arnaud Jégat est l’un des 150 saliculteurs, ou sauniers comme on les appelle ici, installés à Noirmoutier. Avec le retour des beaux jours, il est temps pour lui de tirer les salines de leur torpeur. La préparation du marais en vue de la récolte estivale prend la majeure partie du printemps. Chaque matin, Arnaud surveille le ciel avec appréhension, car le résultat de son travail est entièrement tributaire de la météo. Arnaud et sa femme Audrey vivent de la production de gros sel, qui doit sécher toute une année avant d’être commercialisé, et de la récolte de la délicate fleur de sel. À la différence de beaucoup de leurs collègues, ils ont choisi de rester indépendants. Ils n’ont rejoint aucun label et vendent directement leur sel sous le nom de leur marais salant : "Je pense que ce qui compte pour les gens, aujourd’hui, c’est de lire mon nom, de voir notre exploitation, de nous rencontrer, Audrey et moi… Je crois que c’est ce qui nous permet de nous démarquer." Et les efforts du couple sont récompensés : après les boutiques et les particuliers, c’est au tour de l’une des principales enseignes de grande distribution sur le continent de lui accorder sa confiance.