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À suivre :
Le Liban, otage du Moyen-OrientYakuza (1/2)L'héritage
52 min
Disponible jusqu'au 01/11/2024
- Sous-titrage malentendant
À partir de témoignages exclusifs de plusieurs d’entre eux, d’éclairages et d’archives, une fascinante immersion au coeur du monde ritualisé des yakuzas, mafieux légendaires aujourd’hui sur le déclin.
Si le temps des yakuzas semble révolu depuis les lois des années 2010 contre le crime organisé, ces groupes mafieux japonais perdurent. Apparus à la fin du VIIIe siècle, quand l’empire recourt à des marginaux pour encadrer les jeux de dés et d’argent, les yakuzas (le terme signifie "8-9-3", une main perdante), issus des couches pauvres les plus discriminées du pays, trouvent dans les gangs un moyen de s’élever socialement. Régi par un code d’honneur, le Ninkyôdô ("la voie chevaleresque"), qui se transmet de génération en génération, leur monde est très ritualisé. Charismatique mafieux à l’allure débonnaire, Takeshi Ichiyama, qui règne sur le territoire de Kochi, montre non sans fierté son dos recouvert d’un immense tatouage, marque de loyauté à son clan. Chef à Asakusa, un quartier populaire de Tokyo, Akira Asakura, lui, se souvient avec émotion du sakazuki, le partage solennel de la coupe de saké qui a symbolisé l’allégeance à son oyabun (parrain). Traditionnellement, les yakuzas proscrivent le vol ordinaire ou à main armée et les agressions sexuelles. Ils tirent leurs revenus de divers trafics – dont celui de la drogue, pourtant interdit par leur code – ainsi que de la collecte de "taxes de protection" prélevées sur les restaurants, les casinos ou les bars à hôtesses, notamment à Kabukichô, le quartier rouge de la capitale. Présente sur tout le territoire nippon, cette mafia compte vingt-trois organisations – avec une myriade de clans et de groupes affiliés –, dont la plus importante, le Yamaguchi-gumi, a été fondée à Kobe en 1915. Longtemps acceptée par la société et les autorités comme un mal nécessaire contre la violence qu’elle prétendait contenir, cette pègre a pourtant perdu de son crédit au cours des dernières décennies en ensanglantant le pays par des guerres fratricides.
Monde vacillant
Nourrie d’archives et de saisissants témoignages, cette enquête chronique un monde crépusculaire. Hier acceptés et respectés, les yakuzas, gangsters légendaires qui ont enflammé les imaginaires et dont les films de Takeshi Kitano ont si justement restitué l’univers, sont aujourd’hui sur le déclin. Face à la caméra de Michaël Prazan, plusieurs d’entre eux, actifs ou repentis, se confient, la plupart à visage découvert, avec sincérité et une dignité de seigneurs déchus. Bravant la répression policière et les interdictions qui pèsent sur leurs prises de parole, ils racontent leur mode de vie clanique et plaident leur cause, défendant leurs valeurs et leurs traditions. Plongé au cœur de ce monde vacillant, le film retrace aussi en filigrane, à travers l’omniprésence de ces mafieux dans des secteurs clés de l’économie nipponne et leurs accointances avec les sphères politiques, l’histoire récente d’un Japon gangrené par la corruption. Auteur du best-seller Tokyo Vice, le journaliste américain Jake Adelstein, qui a longuement travaillé sur le crime organisé pour l'un des plus grands quotidiens du pays, détaille savamment les étapes qui ont mené les yakuzas au bord du gouffre, alors que deux membres des hangure, leurs successeurs, concluent le film avec la désinvolture et l’arrogance de nouveaux conquérants. Pourtant, si l'avenir des anciens paraît aujourd’hui compromis, certains, comme Takeshi Ichiyama, qui a donné toute sa vie à l'organisation, ne désarment pas et veulent encore y croire.
Réalisation
Michaël Prazan
Pays
France
Année
2023