La chatte des montagnes

Le lieutenant Alexis, surnommé le "charmant Alex" par ces dames, est muté pour raison disciplinaire dans une forteresse non loin de la ville (imaginaire) de Piffkaneiro. En chemin, il rencontre la "chatte des montagnes", la belle Rikscha, fille du chef des brigands, dont il tombe immédiatement amoureux. Mais sa nouvelle hiérarchie charge Alexis d'une expédition punitive contre les bandits. Après une brève escarmouche, le jeune homme reçoit comme récompense la main de Lilli, la fille de son commandant. Alexis et Rikscha sont inconsolables... 

Fantaisie militaire 
Ernst Lubitsch connut son premier flop commercial avec La chatte des montagnes : "Toute l'entreprise était novatrice, d'autant que le film avait beaucoup plus d'idées, de gags et de satire que mes autres réalisations. Mais il est sorti peu après la guerre et le public n'était pas encore prêt pour une satire de la guerre et du militarisme", analysait le réalisateur en 1947. Au-delà du propos, avec son déluge de péripéties farfelues dopé par le talent comique de la fabuleuse Pola Negri (Rikscha), ce muet méconnu se distingue aussi par son inventivité visuelle débridée. Un an après Le cabinet du docteur Caligari (1920) de Robert Wiene, Lubitsch se démarque de la noirceur de l'expressionnisme naissant en créant, avec l'appui du peintre et décorateur Ernst Stern, un contre-monde joyeux, ludique, accentué par des jeux de perspective et des cadrages géométriques inattendus – avec l'utilisation, notamment, de caches noirs ovales, ronds, déchiquetés ou ondulés. Une merveille à (re)découvrir en version restaurée.