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Au bout du voyage

Le mépris

1 min

Available from 01/12/2025

Pendant le tournage d'un film, une femme cesse d'aimer son mari... Jean-Luc Godard montre, sans les juger, des êtres qui s'éloignent les uns des autres dans un climat de tragédie antique. Il donne à Brigitte Bardot son plus beau rôle et réalise un film magistral. Avec Michel Piccoli, Fritz Lang, Jack Palance, et la musique de Georges Delerue.

Paul Javal, scénariste, accepte de remanier l'adaptation de l'Odyssée que Fritz Lang tourne à Rome pour le producteur Jeremiah Prokosch. Paul nourrit depuis des années le rêve d'écrire une grande pièce de théâtre et compte sur cette occasion pour gagner l'argent qui lui permettra de s'y consacrer entièrement. Il veut surtout prouver à Camille, sa femme, qu'il est quelqu'un d'exceptionnel, car il s'imagine (à tort) qu'elle commence à le mépriser. Le producteur et le réalisateur manifestant des divergences d'opinion au sujet du film, Paul flatte tantôt l'un, tantôt l'autre et, croyant toujours servir son propre intérêt, favorise l'attirance de Prokosch pour sa femme...

Méprises
Le mépris est l'un des plus grands films du cinéma français des années 1960. Une œuvre quasi sans faute, comme Psychose d'Alfred Hitchcock, dont on ne peut rien extraire, rien déplacer sans que tout s'effondre. L'histoire est simple : pendant le tournage d'un film sur l'Odyssée d'Homère, une jeune femme cesse d'aimer son mari. Grâce à ce merveilleux outil de psychologie du comportement qu'est le cinéma, Godard montre, sans les juger, des êtres qui s'éloignent les uns des autres dans un climat de tragédie antique. Peu à peu, le mépris envahit chacun des rapports entre les personnages : Prokosch aime humilier et offenser ses collaborateurs ; son mépris envers l'art de Fritz Lang éclate en colères passionnées et en rires inattendus. Lang, lui, méprise la puissance des carnets de chèques. Paul Javal, le scénariste, se méprise lui-même car il a accepté de se vendre au producteur. Chacun est donc isolé par une frange de mépris qui s'exprime par des regards, des rires, des sentences, des silences... Surtout, on voit naître brutalement ce mépris à la suite d'un événement d'apparence anodine : Paul persuade sa femme de monter dans la voiture de Prokosch. Dès lors, on le voit se développer, mûrir et éclater dans une sorte de croissance végétale dont le personnage de Brigitte Bardot, être instinctif par excellence, est l'incarnation idéale. Une Brigitte Bardot qui n'a jamais été aussi belle, surtout dans l'admirable séquence d'ouverture où l'amour conjugal s'exprime par un hommage à la beauté du corps féminin. "Le drame entre elle et Paul vient de ce qu'elle existe sur un plan purement végétal, alors que son mari vit sur un plan animal, précise Godard. Elle vit de sentiments pleins et simples, et n'imagine pas de pouvoir les réaliser. Une fois le mépris pour Paul entré en elle, il n'en sortira pas, car le mépris n'est pas un sentiment psychologique né de la réflexion ; c'est un sentiment physique, comme le froid et la chaleur, rien de plus, contre lequel le vent et les marées ne peuvent rien changer. Voilà pourquoi Le mépris est une tragédie."

Avec

  • Brigitte Bardot (Camille Javal)

  • Jack Palance (Jeremy Prokosch)

  • Michel Piccoli (Paul Javal)

  • Giorgia Moll (Francesca Vanini)

  • Fritz Lang (Fritz Lang)

  • Jean-Luc Godard (l'assistant de Fritz Lang)

Réalisation

Jean-Luc Godard

Scénario

Jean-Luc Godard

Auteur.e

Alberto Moravia

Production

  • Compagnia Cinematografica Champion

  • Les Films Concordia

  • Rome Paris Films

Producteur/-trice

  • Carlo Ponti

  • Georges de Beauregard

  • Joseph E. Levine

Image

Raoul Coutard

Montage

  • Agnès Guillermot

  • Lila Lakshamanan

Musique

Georges Delerue

Pays

  • France

  • Italie

Année

1963

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