Olivier Père

Agent trouble de Jean-Pierre Mocky et La Septième Cible de Claude Pinoteau

ARTE vous permettra de voir ou de revoir en septembre deux films d’espionnage français des années 1980, imaginatifs et mouvementés, chargés d’une forme de distance ironique ou prenant en compte le déclin du cinéma populaire et de ses vedettes les plus emblématiques.

 

Avant de s’engager de manière irréversible sur la voie de la marginalité et de la guérilla filmique, Jean-Pierre Mocky a réalisé, jusque dans les années 80, d’excellents films populaires dans le meilleur sens du terme. Agent trouble (1987), l’une de ses dernières vraies réussites, est un thriller d’espionnage moins excentrique que d’habitude, et plutôt maîtrisé dans son délire. Mocky a bénéficié de moyens confortables. Il soigne sa mise en scène et signe un film stylisé avec une intrigue hitchcockienne parsemée de détails surréalistes. Nous suivons l’enquête d’une femme ordinaire plongée dans une affaire de sécurité nationale, à la recherche des assassins de son neveu. Invitée dans l’univers du cinéaste, Catherine Deneuve s’amuse beaucoup avec sa perruque bouclée et ses lunettes de grand-mère.

 

Diffusion lundi 1er septembre à 20h55 sur ARTE. Également disponible en télévision de rattrapage sur ARTE.tv à partir de cette date.

 

La Septième Cible (1984) de Claude Pinoteau offre à Lino Ventura son dernier grand rôle, trois ans avant sa disparition. Ce thriller paranoïaque, écrit par Jean-Loup Dabadie, produit par Gaumont international et Les Productions Marcel Dassault, entend réactiver la recette commerciale qui fit le succès de l’acteur et de son réalisateur lors de la décennie précédente, avec des films comme Le Silencieux ou L’Homme en colère. Cette ténébreuse affaire d’espionnage et de terrorisme sur fond de Guerre Froide additionne des dialogues et des situations qui confinent au surréalisme involontaire. Mais le résultat n’est pas dénué d’un certain charme bis, allant jusqu’à évoquer une forme de sérial moderne sur laquelle plane l’ombre de Fritz Lang – péripéties incessantes, machination d’envergure internationale, génie du mal à la Mabuse œuvrant dans l’ombre, interprété par l’acteur autrichien Robert Hoffmann…

 

Diffusion lundi 29 septembre à 21h sur ARTE. disponible gratuitement sur ARTE.tv à partir de cette date, pour une durée de six mois.

 

Agent trouble a été édité en BR par ESC, La Septième Cible par Gaumont. 

 

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4 commentaires

  1. VG dit :

    Bonjour Olivier, en vous lisant, je me demande ce que vous entendez par « déclin du cinéma populaire », lorsqu’on voit que parmi les 10 films français en tête du box office 9 ont été réalisés à partir des années 80.
    Par ailleurs, c’est quoi un film « populaire »? Un film qui fait beaucoup d’entrées? Un film comportant une tête d’affiche « populaire »? En quoi, par exemple, Agent trouble serait-il représentatif de ce déclin, Deneuve ayant par la suite continué à tourner dans des films « populaires » (Astérix, Potiche, Palais Royal, etc).

    • Olivier Père dit :

      Bonjour VG
      désolé si je me suis mal fait comprendre, j’entendais le déclin dans les années 80 d’un cinéma populaire à l’ancienne, porté par certaines grandes stars (Lino Ventura, Belmondo, Delon) et même certains cinéastes (je crois qu’Agent trouble est le dernier succès public de Mocky), avec l’arrivée d’une nouvelle génération d’acteurs et de réalisateurs durant cette période. Bien sûr et heureusement qu’il existe aujourd’hui un cinéma populaire en France, capable de produire des grand succès en salles – certes beaucoup de choses ont changé, les vedettes ne sont plus les mêmes mais on constate que ce sont toujours les comédies, les polars ou les films historiques/adaptations littéraires qui attirent le plus les spectateurs en salles.

  2. VG dit :

    Je comprends mieux! Merci pour la clarification.

  3. VG dit :

    Si vous ne l’avez pas encore fait, je vous recommande vivement de lire (et admirer les illustrations) Claude Pinoteau, Derrière la caméra avec Jean Cocteau aux éditions La Table Ronde (2023). Avant de réaliser ses propres films, ce livre nous rappelle qu’il fut, notamment, l’assistant de Jean Cocteau et même, pour ainsi dire, le coréalisateur du Testament d’Orphée. Quel Grand Écart (comme le dirait Cocteau)!

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