Sept ans après le suicide de son mari, Dora revient vivre dans leur maison avec leur fils Marco et son nouveau compagnon. Mais le comportement de l’enfant change peu à peu et il devient menaçant.
Les Démons de la nuit (Shock, 1977), dernier long métrage de Mario Bava réalisé pour le cinéma, est un beau film de vieillesse, proposant une modernisation des thèmes fantastiques et des effets visuels chers au cinéaste, avec l’irruption d’une réalité malsaine et problématique (la drogue, le suicide, le divorce), d’une esthétique plus concrète et triviale, à commencer par le choix d’une résidence à l’architecture moderne. On pourrait y voir l’apport de son fils Lamberto, sans doute soucieux d’associer son père, considéré par beaucoup à l’époque comme une relique du passé, à une forme d’horreur plus contemporaine. On ressent l’influence de L’Exorciste de William Friedkin (l’enfant possédé), et surtout de Stephen King, dans le traitement du thème de la maison hanté, avec la rencontre entre des événements paranormaux, la folie et les accidents domestiques.
Malgré ses adaptations aux demandes du public, on retrouve intact l’art de Bava et ses obsessions de cinéaste : les rapports entre les morts et les vivants, les fantômes perçus comme des créations de l’esprit, la confusion entre les humains et les objets inanimés ou leurs simulacres.
Ce rapport au non-humain est confirmé par Lamberto Bava, qui a déclaré au sujet des Démons de la nuit : « l’idée des Démons de la nuit est née en partie d’une réflexion de mon père qui, quand il avait des problèmes avec des comédiens, disait « Ah, si on pouvait faire un film sans acteurs, avec uniquement des objets ! ». J’ai donc écrit avec Dardano Sacchetti une première version du scénario, où l’épouvante était davantage basée sur les objets et les décors que sur les personnages. »
Revoir aujourd’hui Les Démons de la nuit dans une belle version en haute définition permet de vérifier l’importance de cette œuvre testamentaire dans la filmographie de Mario Bava. C’est une conclusion assez idéale, réalisée en étroite collaboration avec Lamberto. La présence de Daria Nicolodi, dans l’un de ses meilleurs rôles, vient également souligner un rapprochement entre le maître et son brillant disciple Dario Argento, qui venait de signer deux ans plus tôt Les Frissons de l’angoisse avec la même actrice.
Édité chez Sidonis/Calysta en combo DVD/BR – j’ai participé aux suppléments avec une intervention filmée.
Vous qui restez tout de même attentif aux sorties d’horreur contemporaine, avez-vous vu les deux SMILE? sinon, je vous le recommande très fortement.
Avec le tome 2, on peut dire qu’un auteur est né. Et puis la bande musicale est géniale. Parker Finn est un cinéaste qui n’avait jusqu’alors fait que deux courts pas fort mémorables. Ici, il crée une mythologie qui peut soutenir une série de qualité, à l’égale de Terrifier, dans un tout autre style mais une égale puissance.
Bonsoir,
j’ai beaucoup aimé le premier Smile mais je n’ai pas vu la suite. Si vous me la conseillez je rattraperai cette lacune. Parmi les films d’horreur ou fantastiques récents j’ai apprécié Presence de Soderbergh (surprenant comme souvent quand ce cinéaste s’essaie à des formes expérimentales), Companion de Drew Hancock (bien), Wolf Man de Leigh Whannell (pas mal). J’en oublie sans doute. J’ai envie de voir Substitution – Brink Her Back qui est soutenu par la presse et les amateurs du genre.
Smile 2 est très bon, supérieur au premier, plus complexe, plus virtuose, plus implacable. Un de ces rares films qui se servent des jump-scares de façon totalement pertinente. Très curieux de voir où ce réal va aller ensuite: un troisième volet ou tout autre chose?
J’ai vu Presence, malin et virtuose aussi, il faut l’être avec une caméra subjective en constant mouvement. Soderbergh me déçoit rarement. Pas (encore) vu les autres que vous citez.
Vu quand même Dangerous Animals qui est un survival su un bateau recommandable, mais si le schéma narratif est convenu et la fin tout à fait décevante. l’actrice est le sosie de Virginie Efira!
Olivier, pourriez-vous me recommander des films dans la veine décadente et érotique des Lèvres Rouges de Kumel? Je pensais à Bysantium de Neil Jordan, à Exotica d’Egoyan. Quelque chose de macabre, qui dégage une sourde fièvre sensuelle…
Je suis plongé dans des sites qui compilent des photos de modèles féminins, mannequins, actrices, danseuses, égéries des 3 premières décennies du 20ème siècle et bon sang, cet art de la séduction raffinée, la vamp, mais pas seulement, la femme sophistiquée pour qui la séduction est affaire de domination, d’ensorcellement, qui fond le sexe dans la mort. Cette poésie vénéneuse s’est bien perdue! je voudrais exhumer ce que le cinéma a pu en conserver…
Bonjour Bertrand,
Pour aller dans le sens de votre recherche, un passage par le cinéma japonais me semble incontournable. Avec peut être en premier lieu Yasuzo Masumura à la filmographie encore non totalement cernée. Il en émerge spontanément trois titres à vous recommander:
TATOUAGE en 1966, LA BÊTE AVEUGLE en 1969 et PASSION en 1964
Tous les éléments que vous décrivez, la fièvre sensuelle et le côté macabre y sont déclinés dans de surprenantes et passionnantes variations.
Inattendu! merci grandement Snoopy18! A ma bibliothèque, seuls Tatouage et la femme de Seizaku sont disponibles… je verrai Tatouage en priorité. Il y a aussi ce qui semble une oeuvre collective sur triple DVD: HANZO THE RAZOR – 2: L’ENFER DES SUPPLICES – GOYOKIBA: KAMISORI HANZO JIGOKU ZEME .
Connaissez-vous ces autres titres?
J’avoue que je ne connais pas le triple coffret que vous mentionnez.
Par contre PASSION est certainement associé avec LA FEMME DE SEISAKU dans le même coffret double. C’est la version que je possède éditée par Potemkine.
Si LA FEMME DE SEISAKU est éloignée de l’univers dont vois parliez, c’est un film remarquable dans sa description d’un couple d’amants maudits, poursuivis par un fatalisme implacable. Hautement recommandé…