Avec Boulevard de la mort de Quentin Tarantino, Planète terreur (Planet Terror, 2007) de Robert Rodriguez fait partie du double programme « grindhouse » produit en hommage au cinéma d’exploitation des années 1970. Les deux films sont cependant sortis indépendamment dans plusieurs pays, comme la France, dans des versions rallongées. Tandis que Tarantino signe un exercice de style virtuose, Rodriguez choisit la voie du pastiche déchainé, finalement plus en phase avec les outrances et le mauvais goût du cinéma bis dont se réclament les deux réalisateurs. Dans une petite ville du Texas théâtre de manœuvres militaires, un gaz toxique transforme les victimes infectées en zombies cannibales assoiffés de sang. Rodriguez ne lésine pas sur les scènes d’action délirantes et les effets spéciaux gore, dans la tradition des films d’horreur italiens. Les fans reconnaîtrons des emprunts à Frayeurs de Lucio Fulci, L’Avion de l’apocalypse de Umberto Lenzi et d’autres titres du même acabit. Planète terreur doit être considéré comme la plus grande réussite de son auteur (capable du bon comme du pire), avec Une nuit en enfer (From Dusk Till Dawn, 1996). Rodriguez signe un réjouissant cocktail de violence et d’humour noir, bourré d’idées spectaculaires.
Au-delà de l’hommage fétichiste au « slasher », Boulevard de la mort (Death Proof) est le film le plus expérimental de Quentin Tarantino. Son amour des dialogues, des acteurs et des actrices se double ici d’une grande inventivité stylistique. La virtuosité du cinéaste ne se limite pas à l’écriture de scènes digressives, portées par le bagout de leurs interprètes, mais concerne également la photographie et la structure du film : son enveloppe visuelle et son déroulement, marqués par de nombreux accidents. Boulevard de la mort s’affranchit des règles narratives classiques pour proposer une histoire scindée en son milieu, qui déjoue les attentes du spectateur. On y trouve l’empreinte de Psychose d’Alfred Hitchcock, qui lui aussi filmait l’assassinat de l’héroïne de manière prématurée et inattendue. La première partie de Boulevard de la mort déroule le plan diabolique d’un tueur en série, ancien cascadeur au visage balafré, qui utilise sa voiture comme une arme phallique. Il s’introduit telle une ombre menaçante dans le film qui accompagnait jusqu’alors plusieurs jeunes femmes désireuses de prendre du bon temps dans un bar. La seconde reproduit le même dispositif, mais transforme ses victimes désignées, un nouveau groupe d’amies, en furies vengeresses. Tarantino imagine un double programme sexy à l’intérieur du même film, qui inverse le rapport de domination entre le chasseur et ses proies, et se conclut par le triomphe de la féminité. Il se dégage de ce film un profond sentiment de jubilation, procuré par les scènes de comédie entre filles, l’utilisation de la musique mais aussi les incroyables séquences de cascades et de poursuites automobiles.
Films disponibles gratuitement sur ARTE.tv et la chaîne cinéma d’ARTE sur YouTube jusqu’au 21 septembre 2025.
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