Olivier Père

La Femme de Tchaïkovski de Kirill Serebrennikov, Vortex de Gaspar Noé, Bruno Reidal de Vincent Le Port

Tandis que le 78ème Festival de Cannes débute mardi 13 mai, ARTE propose actuellement ou prochainement sur son antenne et sur Arte.tv plusieurs films d’auteurs contemporains découverts sur la Croisette.

 

La Femme de Tchaïkovski (2022) de Kirill Serebrennikov Russie, 19ème siècle. Antonina Miliukova, jeune femme aisée et apprentie pianiste, épouse le célèbre compositeur Piotr Tchaïkovski. Mais l’amour qu’elle lui porte n’est pas réciproque et la jeune femme est violemment rejetée. Consumée par ses sentiments, Antonina accepte de tout endurer pour rester auprès de lui. Pour son sixième long métrage, Kirill Serebrennikov tord le cou aux conventions de la biographie filmée officielle. Il se désintéresse de la création musicale du génie russe, et ne cherche pas à masquer son homosexualité. En adoptant le point de vue d’Antonina, Serebrennikov met en scène l’aliénation d’une femme amoureuse, victime sociale qui se transforme en héroïne tragique. Le film se déroule comme une longue cérémonie funèbre teintée d’humour noir. Le cinéaste, fidèle à son style théâtral, organise de longs plans-séquence en intérieur, qui scellent la descente aux enfers de l’épouse du musicien.

Disponible gratuitement sur Arte.tv jusqu’au 10 juin 2025.

 

Vortex (2021) de Gaspar Noé

Un couple de personnes âgées vit dans un appartement parisien plein de souvenirs et de livres. Lui est théoricien du cinéma, et écrit un livre sur la relation entre les rêves et les films. Elle est psychiatre à la retraite, et atteinte de la maladie d’Alzheimer. Cinéaste à la fois cruel et sentimental, Gaspar Noé réalise avec Vortex un conte d’amour et de survie. L’appartement du couple, décor d’une grande partie du film, s’apparente à un labyrinthe mental. Amateur de dispositifs avant-gardistes, Noé opte pour le split-screen, qui scinde l’écran en deux. Ce procédé formel souligne l’isolement et la perte de repères de l’épouse du vieux critique, la déconnection provoquée par la maladie, et l’impossibilité de communiquer tout en partageant le même espace. Ce film bouleversant réunit Françoise Lebrun, l’inoubliable héroïne de La Maman et la Putain, et Dario Argento, maestro du cinéma fantastique italien et acteur pour la première fois.

Disponible gratuitement sur Arte.tv jusqu’au 12 juillet 2025.

À la télévision le jeudi 15 mai à 1h30.

 

Bruno Reidal, confessions d’un meurtrier (2021) de Vincent Le Port

En 1905, dans une forêt du Cantal, Bruno Reidal, jeune paysan séminariste de dix-sept ans, décapite un enfant. Afin de mieux comprendre son geste et sa personnalité, un médecin criminologue lui demande d’écrire ses mémoires, dans lesquelles il exprime ses pulsions et son dégoût de soi. Le film s’inspire d’une histoire vraie. Vincent Le Port a puisé dans cette matière biographique pour reconstituer le cheminement de Bruno Reidal. La quête de l’assassin se mêle à la recherche d’une vérité qui ne se dévoile jamais totalement. Le jeune cinéaste signe un premier long métrage impressionnant de maîtrise. Il évite les écueils de l’académisme pour proposer une mise en scène épurée et concrète. Superbe interprétation de Dimitri Doré, dont c’est le premier rôle au cinéma.

Diffusion sur ARTE le vendredi 20 juin à 22h30. Disponible sur Arte.tv du 13 juin au 19 juillet 2025.

Autres films cannois à voir ou revoir : Leila et ses frères de Saeed Roustaee, Volver de Pedro Almodóvar, Harka de Lotfy Nathan, Habemus papam de Nanni Moretti, …

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