Olivier Père

Los delincuentes de Rodrigo Moreno

Román et Morán sont deux employés d’une petite agence bancaire située à Buenos Aires. Afin de ne plus avoir besoin de travailler jusqu’à l’âge de la retraite, Morán élabore un plan pour voler la somme équivalente en dollars avec la complicité de Román. Les conséquences de ce projet provoquent une série d’événements inattendus. Ce très grand film déploie sur plus de trois heures une histoire aussi fascinante qu’imprévisible, dont les perspectives philosophiques sont en totale adéquation avec sa mise en scène. Le cinéaste argentin propose un programme d’émancipation des règles sociales qui s’applique aux destinées de ses personnages, mais aussi à la façon dont il est possible de produire et de réaliser un film, hors du système et des conventions. Los delincuentes (2023) a mis en lumière le travail de Rodrigo Moreno, déjà auteur de plusieurs films depuis le début des années 1990, et le place comme l’un des meilleurs représentants du nouveau cinéma argentin, qui se caractérise par l’invention de formes narratives amples et très radicales. Los delincuentes se révèle un film passionnant et très accueillant, qu’il ne faut pas craindre de découvrir malgré sa durée. Rodrigo Moreno s’est inspiré, pour le point de départ de son film, d’un classique du cinéma argentin, Apenas un delincuente (L’Affaire de Buenos Aires, 1949) du grand Hugo Fregonese. Le film original durait 1h29, celui de Moreno le double. L’idée du vol des coffres d’une banque pour pouvoir vivre sans travailler jusqu’à la fin de ses jours débouche sur une réflexion sur la liberté, avec des ramifications narratives et une gestion du temps et de l’espace extrêmement originales – le film suit le cerveau du casse qui choisit d’attendre en prison tandis que son complice, responsable de l’argent volé, entreprend un périple dans la pampa argentine. Deux temporalités se superposent. Cela pourrait être un film théorique et aride, c’est au contraire une proposition d’aventure existentielle plein d’humour et de surprises, un conte philosophique ludique et stimulant.

 

Disponible en DVD et BR, édité par JHR films.

Catégories : Actualités

Un commentaire

  1. Bertrand Marchal dit :

    J’ai vu les deux capsules que vous consacrez à Satyajit Ray. On aura droit à un cycle? Ce serait bien, c’est un des mes cinéastes préférés, et dont on parle si peu, moins que de Bergman, ou Ford, ou Kurosawa… J’aimerais bcp revoir Des Jours et des nuits dans la forêt, dvd qui atteint des sommes folles sur le net.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *