ARTE propose un cycle de six films de la réalisatrice Catherine Corsini. D’abord sur ARTE.tv et la chaîne YouTube d’ARTE où l’on peut voir ou revoir jusqu’au 30 novembre La Nouvelle Eve (1998), La Répétition (2001), Trois Mondes (2012), jusqu’au 31 juillet Un amour impossible (2018) et jusqu’au 31 août le court métrage La Mésange (1982), dans la collection « les courts des grands ».
Son avant-dernier film à ce jour, La Fracture (2021), sera diffusé en octobre sur ARTE.
ARTE diffuse également mercredi 3 juillet à 20h55 (le film est aussi disponible jusqu’au 1er août sur ARTE.tv et la chaîne YouTube d’ARTE) Les Ambitieux, réalisé en 2006. Un jeune auteur provincial en quête de reconnaissance devient l’amant d’une puissante éditrice, attirée davantage par son charme que par son talent. Les Ambitieux se déroule dans les milieux littéraires parisiens et met en scène la rencontre entre une souris des villes et un rat des champs, dans une ambiance féroce de rivalité, de jalousie et de trahison. La manipulation, l’attirance sensuelle et le rêve un peu fou d’échapper au déterminisme social sont des thèmes qui reviennent constamment dans la filmographie de Catherine Corsini. Elle les traite ici sur le mode de la comédie romantique à l’américaine, avec une pincée d’humour satirique. La réalisatrice offre à Karin Viard (déjà héroïne de La Nouvelle Eve) la possibilité de briller dans ce récit balzacien où tous les coups sont permis. Elle forme avec Éric Caravaca un couple improbable mais séduisant, qui ne cesse de nous surprendre.
Ce cycle nous a offert l’occasion de rencontrer Catherine Corsini et de revenir avec elle sur l’ensemble de sa filmographie, son parcours et son travail de cinéaste.
Cette interview à la saveur d’une séance de psychanalyse! Elle se sent visiblement très à l’aise sur votre divan.
Je suis étonné de sa faculté à se livrer sans fard: elle nettement moins sous contrôle qu’Ozon. Une question et elle est partie pendant 10 minutes!
C’est intéressant aussi qu’il s’agisse de deux homosexuels: ils ont chacun une façon très particulière de faire infuser cette question dans leur cinéma. Je me doutait qu’Ozon était gay, sans que ça transparaisse nettement dans son cinéma, sauf dans Eté 85, mais je ne l’ai pas vu, je n’en ai lu que des critiques.
quel est le film de Corsini que vous recommandez en priorité?
merci. j’apprécie particulièrement Partir, les Ambitieux, Un amour impossible…
Des phrases parfois en suspens, des mots qui se télescopent mais qui finissent par livrer l’ébauche du portrait d’une artiste ultra sensible. Un très bel entretien, merci à vous.
Séance de rattrapage avec « Un amour impossible » dans la foulée.
Adapter ce roman à du être un défi vertigineux….
J’ai souvent du mal avec les voix off, mais ici, dès la première scène, elle s’intègre, s’enchâsse dans le récit, dégageant une tonalité fataliste, irrémédiable.
Choix du Scope, très maîtrisé, « courageux » pour ce type de film. Je repense souvent à Stéphane Brizé qui avouait s’être longtemps senti illégitime pour aborder ce format. Aveu touchant.
Pour reprendre le fil de ce que disait Ballantrae à propos de Rossellini et Kazan, je ne suis pas certain que connaître l’orientation sexuelle d’un ou d’une cinéaste aide particulièrement à la compréhension de son œuvre.
On peut admirer les films de Todd Haynes par exemple sans se référer à ses choix de sexualité.
Les œuvres d’Ozon et Corsini ont suffisamment d’épaisseur et d’intérêt sans avoir besoin de cet angle de lecture….
Les orientations sexuelles des artistes sont toujours substrat où ils puisent leur inspiration, faite d’un réseau complexe de refoulements, de revendications confuses, de rejet, de rancunes, d’espoirs. C’est un axe constitutif essentiel, dans la vie comme dans l’art. Pour beaucoup d’artistes, la création est une voie de résolution de conflits intérieurs, et l’homosexualité, dans des sociétés qui ne l’ont pas érigée en modèle, est à ce titre un ressort évident de la création.
Bonjour,
Par qui est réalisée l’interview svp?
Merci
Sophie
Bonjour,
supervision de la réalisation et du montage par Virginie Apiou.