Après avoir effectué un passage remarqué dans de nombreux festivals dédiés au cinéma de genre, Projet Wolf Hunting (Neugdaesanyang, 2022) a trouvé le chemin des salles françaises en février dernier grâce à l’éditeur ESC, qui a diversifié ses activités en incluant désormais la distribution cinéma, et le propose désormais en blu-ray collector. Projet Wolf Hunting est un film d’horreur coréen atypique, puisque le « gore » n’est pas une tradition dans ce pays. Il se caractérise par sa violence excessive et des débordements sanglants proches de la bande dessinée et du jeu vidéo. Le film se déroule entièrement sur un cargo transformé en pénitencier flottant à l’occasion du transfert de prisonniers extrêmement dangereux des Philippines jusqu’à la Corée du sud. Le réalisateur réussit un huis-clos maritime où s’entretuent flics, truands et psychopathes, eux-mêmes décimés par un soldat surhumain, cobaye d’expériences scientifiques sordides de l’armée impériale japonaise, transformé en créature de Frankenstein et ramené à la vie par erreur. Derrière la bêtise de façade, et l’action bourrine, on retrouve le goût de la contextualisation historique et du commentaire géopolitique propre au cinéma coréen. En effet, le monstre peut se voir comme le fruit des exactions commises par les Japonais contre les Coréens durant la Seconde Guerre mondiale. Cela fait de ce croisement hybride entre Les Ailes de l’enfer et Zombie un film moins superficiel qu’il n’y parait. Project Wolf Hunting appartient à cette nouvelle vague de l’horreur extrême qui se développe principalement en Asie et aux Etats-Unis. Le film est très efficace, bien fichu et divertissant puisque l’action est non-stop. Il se rapproche du courant « body horror », avec une avalanche de morts violentes, une profanation imaginative du corps humain et des hectolitres de sang. Le réalisateur n’est pas très connu, il traîne une réputation de tâcheron mais avec ce film il s’est surpassé !
ESC a fourni un excellent travail éditorial, avec des commentaires pertinents et un packaging soigné comme d’habitude chez cet éditeur, qui semblent suivre de près les nouveaux titres de l’horreur extrême (The Sadness, Terrifier…) Des suppléments originaux donnent la parole à des critiques et des cinéphiles français connaisseurs du cinéma coréen. L’accompagnement est très complet puisqu’on y trouve un entretien avec le réalisateur, des scènes commentées en plus des éclairages critiques… Et les fameux goodies d’ESC toujours appréciables pour les collectionneurs : des photos du film et l’affiche française.
Il y a plus d’hémoglobine que de matière grise dans ce film. Accumulation de personnages pour pousser l’action dans ses retranchements. Sans réel intérêt.