Olivier Père

Coffret La Femme Scorpion

Ce superbe coffret BR édité par Le Chat qui fume réunit les six films de la saga « Femme Scorpion » ou « Prisonnière Sasori », sommet du cinéma érotico-sadique japonais adapté d’un manga pour adultes, produit entre 1972 et 1977. Le résultat est d’une sidérante ambition formelle, et extrêmement novateur. Ancien assistant de Teruo Ishii, Shunya Ito, le réalisateur des trois premiers films, signe la synthèse bouillonnante entre cinéma expérimental, abstraction plastique et influence de la bande dessinée. A ce titre, le deuxième film, Elle s’appelait Scorpion est le plus fou, et le meilleur de la série. L’amalgame entre pure exploitation, culture pop, subversion politique et révolte féministe est parfaitement réussi. Elle s’appelait Scorpion s’appelle en fait Joshu Sasori : dai 41 zakkyobo. Traduction littérale: « Prisonnière Sasori : la cellule n°41 ». Surnommée « Scorpion » en raison de ses agressions fulgurantes ­(elle saute au visage du directeur de la prison pour l’éborgner)­, Sasori est une femme criminelle muette. Avec ses compagnes de cellule, elle subit tortures, viols et humiliations de la part de gardiens ignobles. Elle finit par tuer ses geôliers et s’évade avec d’autres détenues. Au terme d’un long périple dans un paysage désolé, prétexte à des visions apocalyptiques ponctuées d’épisodes sanglants, Sasori vengera en plein cœur de Tokyo les fugitives assassinées par la police. La production japonaise n’a jamais été avare en séries B plus ou moins luxueuses flattant les instincts sadiques du public, mais aucun autre film d’exploitation nippon n’a atteint un tel niveau de beauté visuelle. Cinéaste activiste, Shunya Ito ne dissimule pas sa colère envers la société et la politique japonaises et toutes les figures de pouvoir et de répression, à commencer par la police et l’administration pénitentiaire. L’actrice Meiko Kaji est devenue une icône de la contre-culture japonaise grâce au personnage de Sasori, qu’elle interprète de manière fascinante, mutique et expressionniste.

Cette saga au lyrisme sauvage doit beaucoup aux expérimentations visuelles de Shunya Ito (réalisateur des trois premiers films) et au charisme exceptionnel de son héroïne Meiko Kaji (vedette des quatre premiers films). Les deux derniers films de la série sont moins formalistes, mais c’est un bonheur de voir ou revoir l’intégralité des aventures de la prisonnière Sasori, véritables hymnes à la révolte contre l’autorité masculine, présentée ici dans ses aspects les plus monstrueux !

 

 

 

 

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Un commentaire

  1. MB dit :

    Je crois que c’est dans le 5ème ou 6ème de la série que l’on peut admirer une coupe (ou une transition d’un plan au suivant) pour lequel le mot « coupe » est plus que justifié et que je ne dévoilerai pas. C’est unique dans l’histoire du cinéma ou on retrouve peut-être l’idée dans un film expérimental surréaliste ou autre, que je n’aurais pas vu.
    Cette coupe est provoquée par l’un des personnages! Il y a un effet spécial je crois en plus.
    Cela intervient au moment où en fin de film Sasori règle son compte à un individu qui l’a bien mérité, je dis même pas de quelle façon pour ceux qui l’ont pas vu encore, vu que ça dévoile le truc, génial!

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