Olivier Père

Terreur dans le Shanghaï Express de Eugenio Martin

Il arrive qu’un film, dans sa modestie même, atteigne une sorte de perfection. Ce mot n’a sans doute jamais été prononcé au sujet du titre qui nous intéresse aujourd’hui, et pourtant ce sentiment de réussite parfaite se précise à chaque nouvelle vision. Terreur dans le Shanghaï Express (Pánico en el Transiberiano, 1972) aurait pu être une incongruité cinématographique de plus, un pur produit d’exploitation (et d’exportation), avec sa distribution et son scénario rocambolesque. C’est justement cette excentricité qui le sauve de la médiocrité ou de la banalité. Le film est une coproduction britanno-espagnole qui cherche à rivaliser avec les succès de la Hammer. On y retrouve les deux acteurs vedettes de la célèbre firme anglaise, Peter Cushing et Christopher Lee, dans des rôles de scientifiques d’abord antagonistes, puis unis pour combattre le mal. L’histoire, délirante à souhait, mêle horreur, whodunit ferroviaire et même science-fiction. On peut constater des similitudes entre le scénario de l’Américain Arnaud d’Usseau et le court roman Who Goes There? de l’écrivain américain John Campbell qui inspira La Chose d’un autre monde de Hawks et Nyby ainsi que son remake The Thing signé John Carpenter. Dans les trois films, une créature extraterrestre passe de corps et corps et assimile l’apparence physique mais aussi les compétences intellectuelles des humains qu’elle possède.

La direction artistique est plus soignée qu’à l’accoutumée. L’essentiel de l’action se déroule à bord d’un train transsibérien qui traverse les étendues glacées entre la Chine et la Russie. Parmi les passagers, il ne manque ni une espionne, ni un prêtre orthodoxe émule de Raspoutine, bientôt rejoints par un chef cosaque et ses soldats (Telly Savalas)!

Cette galerie de personnages pittoresques et l’univers rétro dans lequel se déroule le film ne manquent pas de faire penser à la bande dessinée, en particulier Les aventures de Tintin de Hergé et surtout Blake et Mortimer de Edgar P. Jacobs, autre dessinateur belge marqué par le fantastique et la science-fiction.

Dans Quatre Mouches de velours gris de Dario Argento, la police a recours à la technologie moderne pour démasquer un assassin. En examinant la rétine d’une de ses victimes, elle pense pouvoir obtenir la dernière image qui y a été imprimée avant la mort et, avec un peu de chance, le visage de l’agresseur.

Un an plus tard, Terreur dans le Shanghaï Express utilise un postulat semblable avec un résultat bien plus poétique et surprenant. Les images recueillies dans le liquide optique d’une créature simiesque décongelée, des dinosaures et des galaxies dans l’univers, amènent à la conclusion suivante : le monstre est un extraterrestre, échoué sur notre planète depuis des millénaires !

 

 

Terreur dans le Shanghaï Express de Eugenio Martin a été édité en Blu-ray par Le Chat qui fume.

 

 

Catégories : Actualités

3 commentaires

  1. MB dit :

    ciel! ça fait envie!

  2. MB dit :

    ça me fait penser à un film de Christian-Jaque LES PIRATES DU RAIL qui devrait être sorti chez GAumont Rouge : Von Stroheim y joue un pirate chinois! ça devrait être forcément bien?!
    l’auriez-vous vu?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *