Olivier Père

Les Dragueurs de Jean-Pierre Mocky

ARTE rend hommage à Jean-Pierre Mocky en rediffusant Un drôle de paroissien lundi 13 mars à 20h50 et en proposant sur ARTE.tv une première salve de six films disponibles gratuitement du 1er mars jusqu’au 31 août.

Jean-Pierre Mocky est d’abord assistant-réalisateur et acteur. Pour son premier film en tant que metteur en scène, il décide d’adapter un roman d’Hervé Bazin, La Tête contre les murs (qui fait partie du cycle), sur le traitement inhumain des fous dans une clinique psychiatrique. Mais les producteurs le jugent trop jeune et ne lui font pas confiance. Mocky écrit le scénario et interprète le rôle principal du film, tandis que la mise en scène est confiée à Georges Franju, qui possède une solide expérience de réalisateur de courts métrages. Sorti en 1959, contemporain des premiers films de la Nouvelle Vague, La Tête contre les murs est un film important du cinéma français. Franju s’est emparé du projet et lui a apporté une dimension un peu fantastique, hérité du surréalisme. Si Mocky avait réalisé le film, il l’aurait voulu plus réaliste, plus brutal.

Quelques mois plus tard, Mocky peut enfin réaliser son premier film, Les Dragueurs (1960), dans lequel il retrouve Charles Aznavour, acteur à ses côtés dans La Tête contre les murs, et aussi le compositeur Maurice Jarre au début de sa carrière. Ce film s’inscrit dans une tendance présente dans la filmographie de Mocky, qui aime s’intéresser à des pratiques sociales ou des phénomènes de société. Cette veine sociologique a engendré des films sur le couple, les jeunes femmes, la sexualité, la violence de la foule. Il s’agit ici de la drague, avec l’histoire de deux types solitaires qui sont obsédés par les rencontres féminines, avec des résultats le plus souvent pathétique.

Au-delà d’un argument trivial, prétexte à des saynètes plus ou moins scabreuses, cruelles ou amusantes, on trouve des éléments qui vont nourrir tous les meilleurs films de Mocky. Derrière l’humour noir ou la satire, pointe une forme de romantisme. Sous un cynisme de façade, les héros de Mocky sont toujours des idéalistes, à la recherche d’une pureté impossible. Ce qui caractérise le personnage de Jacques Charrier, c’est sa lâcheté, puisqu’il préfère courir après une femme qui n’existe pas, plutôt que tomber amoureux d’une femme réelle, avec les conséquences, et les responsabilités que cela comporte. Le ton désabusé et cruel des Dragueurs évoque certaines comédies italiennes des années 60, davantage que les films de la Nouvelle Vague.

Plusieurs films de Mocky dont Les Dragueurs ont été édités en Blu-ray et en DVD par ESC.

Le cycle est accompagné d’un web-documentaire réalisé par Virginie Apiou, Jean-Pierre Mocky, libre et sentimental.

 

 

 

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