Olivier Père

La Petite Voiture de Marco Ferreri

En 1956, Marco Ferreri s’installe en Espagne pour y vendre des appareils de projection, puis y réalise à partir de 1958 ses trois premiers longs métrages : El pisito, Los chicos et le film qui nous intéresse. La Petite Voiture (El cochecito), en 1960, est une farce grinçante, où le goût de Ferreri pour l’humour noir et la cruauté se marie à la perfection avec les talents de satiriste de son scénariste Rafael Azcona, rencontré quelques années plus tôt.

Les hommes chez Ferreri ne trouvent pas d’autre solution pour échapper à une société aliénante que de se réfugier dans l’amour de fétiches qui leur apportent un espoir ou une consolation illusoire.

Dans ce chef-d’œuvre inaugural, un vieillard de la petite bourgeoisie de Madrid, devenu un poids pour sa famille, rêve de posséder une voiture pour paralytique qui lui permettrait de rejoindre un groupe d’infirmes et d’accéder à l’indépendance. Comme d’autres personnages qui vont traverser les films suivants de Ferreri, Don Anselmo est travaillé par une obsession. Cette fixation débouche toujours sur la mort, infligées aux autres ou à soi-même. Contre toute attente, La Petite Voiture triomphe au Festival de Venise où il obtient le prix FIPRESCI, et lance la carrière de Ferreri, bientôt de retour en Italie.

Le film est disponible gratuitement sur ARTE.tv et sur la chaine cinéma d’ARTE sur YouTube tout le mois d’août, dans le cadre de notre nouvelle programmation ARTE Kino Classics dédiée aux classiques du cinéma européen.

 

Le film est également disponible en combo Blu-ray et DVD édité par Tamasa, dans une collection qui propose aussi d’autres grands films de Marco Ferreri des années 60 : Le Mari de la femme à barbe, Le Lit conjugal, Dillinger est mort.

 

Et nous vous conseillons la lecture de l’essai que Gabriela Trujillo a consacré au cinéaste italien, Marco Ferreri, le cinéma ne sert à rien, publié aux éditions Capricci.

Catégories : Sur ARTE

Un commentaire

  1. derouet dit :

    Troisième film tourné en Espagne par Ferreri ( El Pisito de 1958, Los Chicos de 1959 sont les précédents), El Cochecito (La Petite Voiture de 1960) est immédiatement remarqué à l’époque par la critique. Le critique Georges Sadoul y voyait des fables sociales très critiques sur l’Espagne du Général Franco.
    Le récit caustique d’un vieil homme qui finira par se débarasser de sa famille pour pouvoir obtenir un fauteuil roulant motorisé est emblématique d’un monde fait d’égoïsme poussé à l’extrême.
    C’est ce film qui permit à Ferreri d’aquérir une renommée internationale.
    L’interprétation de très grande qualité de José Isbert est impressionnante de justesse.
    Pour moi son film, sa fable la plus puissante est L’Audience de 1971 satire très kafkaïenne de la bureaucracie vaticane.
    En tout cas félicitations pour avoir diffusé ce film rare après la récente et excellente programmation de trois films essentiels de Satyajit Ray.

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