Olivier Père

Démons et Démons 2 de Lamberto Bava

Le milieu des années 80 voit Dario Argento développer ses activités de producteur. Déjà associé en 1978 au Zombie (Dawn of the Dead) de George A. Romero, dont il avait élaboré une version européenne avec une musique de Goblin et un montage alternatif plus resserré, Argento participe activement à l’écriture et à la conception de Démons (Demoni) et sa suite, réalisés par Lamberto Bava, le fils de Mario, respectivement en 1985 et 1986. Les Démons de Bava et Argento affichent l’ambition de rivaliser avec la série des Evil Dead de Sam Raimi. Ce diptyque fantastique à effets spéciaux, véritable spectacle son et lumière bariolé, saturé de musique rock et de scènes chocs assume son esthétisme grand-guignol.

Dans les deux films, un groupe humain est détruit de l’intérieur par une malédiction démoniaque qui transforme hommes et femmes (et même un enfant et un chien dans Démons 2) en gargouilles grimaçantes et assoiffées de sang. Bava et Argento s’amusent à mettre en abyme le film à l’intérieur du film, dans une forme de cinéma auto-réflexif qui n’était pas si fréquente à l’époque. Dans Démons, nous sommes dans une salle de cinéma, pendant l’avant-première d’une série B d’horreur. Les monstres jaillissent de l’écran, ce qui valut au film d’être comparé à La Rose pourpre du Caire de Woody Allen. Dans sa suite, le film est bien imprudemment diffusé à la télévision, avec les mêmes résultats catastrophiques. Ce sont les habitants d’une tour qui subissent les assauts d’une horde de démons déchaînés, ce qui permit cette fois-ci des rapprochements avec Videodrome et Frissons de David Cronenberg, le commentaire politique en moins. Bien que très distrayant, Démons fut vilipendé par la critique spécialisée alléchée par l’association de ces deux noms fameux du fantastique et qui s’attendait à des débordements opératiques dans la lignée de Suspiria et Inferno. Ne parlons pas de sa suite, qui s’enfonce encore plus profondément dans l’outrance, avec notamment l’apparition hilarante d’un petit démon et faux gremlin semblant sortir d’un théâtre de marionnettes – si on est gentil – ou d’un magasin de farces et attrapes. Les deux Démons constituent des versions dégradées et effrontément vulgaires des histoires de sorcières d’Argento. Ils remportèrent un succès commercial dans leur pays d’origine et en vidéo un peu partout dans le monde avant d’être réévalués comme les derniers petits classiques du « cinéma bis » transalpin. Aujourd’hui, ces films sont appréciés par les amateurs de cinéma trash, comme des tours de manège dans un train fantôme. A la suite des Démons de Lamberto Bava, Argento produisit également deux films d’un autre de ses anciens assistants, Michele Soavi, qu’on peut considérer comme les ultimes efforts d’un cinéma fantastique de qualité en Italie : Sanctuaire (1989) et La Secte (1991).

 

Démons et Démons 2 sont disponibles en DVD et Blu-ray, en coffret ou séparément, édités par Carlotta.

Catégories : Actualités

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *