Olivier Père

Frissons d’horreur de Armando Crispino

Réalisé en 1975, à une époque où s’achève la mode du « giallo » Frissons d’horreur (Macchie Solari, 1975) est un titre étrange et fascinant parmi la multitude de thrillers criminels tournés en Italie pendant cette décennie. Le film d’Armando Crispino propose l’étude des tourments de Simona (Mimsy Farmer), une jeune femme névrosée et frigide propulsée au cœur d’une terrifiante machination. Simona est étudiante en thanatologie judiciaire et prépare une thèse sur les faux suicides. Elle travaille dans une morgue et la vision de cadavres nus réveillent en elle sa phobie du sexe. Au même moment, dans la fournaise d’un mois d’août caniculaire, une vague de suicides frappe Rome, supposément provoquée par des taches solaires – celles du titre original italien.

Frissons d’horreur est un « giallo » perturbant, dans laquelle une banale histoire de meurtre et d’escroquerie est littéralement subvertie par des images ultra violentes. Elles sont toutes situées dans la première partie du film, ce qui accentue l’étrangeté du film : une succession brutale de suicides, puis la découverte d’un cadavre de femme défigurée par une balle de revolver sur la plage d’Ostie. C’est le début d’une enquête aux multiples rebondissements. On a parfois l’impression que le film contient une dizaine d’histoires, tant les pistes et les surprises sont nombreuses, entre roman-photo érotique, mélo et horreur sanglante. Crispino s’appuie beaucoup sur la bande originale de Ennio Morricone, l’une de ses plus belles, qui combine mélodie triste et plages dissonantes peuplées de gémissements et de soupirs. Grâce au compositeur, le cinéaste parvient à créer une ambiance chauffée à blanc de fantastique urbain, qui utilise à merveille les sites historiques de la capitale italienne. Le film a acquis une réputation bien méritée pour des scènes de morgue et d’autopsie qui vont très loin dans le malsain et le malaise, mais aussi la visite d’un musée consacré à la mort, aux œuvres particulièrement choquantes. Il s’agit du meilleur film d’Armando Crispino, réalisateur éclectique (western, film de guerre, comédie) qui avait auparavant réalisé un « giallo » soigné mais moins original, L’Etrusco uccide ancora.

 

Frissons d’horreur est disponible pour la première fois en blu-ray en France, dans une belle édition chez Le Chat qui fume.

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