ARTE diffuse Mort sur le Nil (Death on the Nile, 1977) de John Guillermin dimanche 2 mai à 20h55. L’écrivaine britannique Agatha Christie popularisa au cours de sa longue et prolifique activité littéraire le « whodunit » (« qui l’a fait ? »), sous-genre du roman policier dans lequel la recherche et l’interprétation d’indices mènent à la découverte du coupable. Le détective belge Hercule Poirot demeure sa plus célèbre création. Il apparaît dans 33 romans et 51 nouvelles d’Agatha Christie. A la fin des années 70, en pleine mode rétro, l’œuvre d’Agatha Christie bénéficie d’un regain d’intérêt chez les producteurs britanniques, qui adaptent avec des moyens importants plusieurs de ses romans mettant en scène Poirot, sous les traits d’Albert Finney et surtout Peter Ustinov, qui va s’emparer du personnage avec humour et gourmandise. Ces films académiques et luxueux possèdent le charme suranné des illustrations costumées qui lorgnent vers la partie de Cluedo et le pavillon de gériatrie, où se bouscule une cohorte d’acteurs anglo-saxons survivants de l’âge d’or hollywoodien, entre une apparition dans un film catastrophe, un épisode de La croisière s’amuse ou un cacheton doré en Europe. Coincés entre le cinéma catastrophe et les « James Bond » (avec lesquels ils partagent acteurs et réalisateurs) les « Agatha Christie films » appartiennent à la culture du divertissement et à la mode rétro des années 70, juste avant que l’industrie du spectacle ne passe à autre chose et relègue ces fictions désuètes à la télévision. Mort sur le Nil est une réussite du genre. Son générique prestigieux réunit les noms du scénariste et dramaturge Anthony Shaffer (Le Limier, Frenzy, The Wicker Man) à l’adaptation, Jack Cardiff prince du Technicolor à la photographie et Nino Rota (compositeur fétiche de Fellini) à la musique, plus une pléiade de vedettes anglo-saxonnes. La mise en scène est confiée à John Guillermin, solide professionnel du cinéma britannique. Après des débuts dans le giron des films de guerre, d’aventures et d’espionnage anglais des années 50, Guillermin accède aux commandes de superproductions internationales souvent réussies (Le Crépuscule des aigles). A Hollywood il réalise La Tour infernale, classique du film catastrophe alors en vogue et un remake colossal de King Kong sous la houlette de Dino De Laurentiis. Mort sur le Nil sera le chant du cygne de ce réalisateur qui mit constamment ses compétences au service de producteurs interventionnistes (en l’occurrence John Brabourne et Richard B. Goodwin) et de genres très codifiés.
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