Olivier Père

Psychose Phase 3 de Richard Marquand

Psychose Phase 3 (The Legacy, 1978) s’inscrit dans un courant du cinéma fantastique anglo-saxon entre tradition et modernité. Tradition, parce qu’il illustre les thèmes anciens de la maison hantée et de la sorcellerie, associés à une intrigue qui s’inspire des romans d’Agatha Christie. Un groupe hétéroclite est réuni dans un vieux manoir, à l’occasion de la mort imminente de son riche propriétaire. Tous espèrent hériter de la fortune de leur bienfaiteur. Une série d’accidents mortels réduit peu à peu le nombre de prétendants à l’héritage. Modernité, parce que le film s’affranchit de l’esthétique des productions Hammer pour chercher d’autres influences visuelles, en particulier dans un film réalisé un an plus tôt et qui révolutionna le cinéma d’horreur : Suspiria de Dario Argento. Au-delà de certaines similitudes dans le récit – une jeune femme découvrant une confrérie de sorciers dans une demeure labyrinthique – Psychose Phase 3 cite précisément au moins trois séquences du chef-d’œuvre d’Argento : le moment d’angoisse dans une immense piscine couverte, la présence inquiétante d’un sorcier de plusieurs siècles, à l’agonie dans une chambre médicalisée, et la mort sadique d’une victime transpercée par des bris de verre. Il y a bien sûr d’autres emprunts dans ce film qui entend bien profiter de la mode de l’ésotérisme et du satanisme dans les films fantastiques, depuis le succès de Rosemary’s Baby de Roman Polanski. Mais le soin apporté à la direction artistique, aux éclairages – l’appartement baigné de couleur verte, dès la scène d’introduction – et l’absence de timidité dans les débordements sanguinolents soulignent que le maniérisme baroque d’Argento s’est bel et bien invité dans le cottage anglais de Psychose Phase 3, pour notre plus grand plaisir.

Le film est coécrit par Jimmy Sangster, transfuge de la Hammer qui avait signé de nombreux scénarios pour la firme anglaise, et aussi travaillé sur des séries télévisées aux Etats-Unis. Sangster avait contribué au dépoussiérage des mythes fantastiques littéraires par Terence Fisher et Freddie Francis et apporté une touche « pop » au cinéma de genre britannique dans les années 60, et était passé à son tour à la mise en scène au début de la décennie suivante.

Le générique de Psychose Phase 3 (quel titre français étrange…) réunit deux acteurs américains, Katharine Ross et Sam Elliott autour d’une distribution britannique. On y retrouve l’acteur Charles Gray, un habitué des films d’horreur, de guerre ou d’espionnage, qui prêtait sa voix à Jack Hawkins (devenu muet à la suite d’un cancer de la gorge) dans Théâtre de sang. De manière plus inattendue, la rock star Roger Daltrey (The Who) y tient aussi un rôle secondaire, après ses prestations en tête d’affiche dans Tommy et Litztomania de Ken Russell. C’est le premier film pour le cinéma de Richard Marquand, futur réalisateur du Retour du Jedi.

 

Disponible en Blu-ray, édité par BQHL.

Catégories : Actualités

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *