Olivier Père

Le Garçu de Maurice Pialat

En 1995, Maurice Pialat retrouve Gérard Depardieu pour la quatrième et dernière fois, pour Le Garçu. Il lui demande d’être son double cinématographique, ce qui est nouveau dans leur relation.
Un homme infidèle quitte sa jeune femme, mais ne parvient pas à se détacher d’elle, car il aime passionnément son fils de cinq ans et cherche à le revoir par tous les moyens. Après deux incursions dans le passé et des sujets empruntés à des grandes figures artistiques (Bernanos, Van Gogh), Le Garçu marque le retour de Pialat à la veine la plus autobiographique de son œuvre, dans la lignée de Nous ne vieillirons pas ensemble et surtout de La Gueule ouverte. Les personnages de Pialat vivent désormais dans l’aisance, l’argent est dépensé avec ostentation, mais les relations humaines sont toujours aussi conflictuelles et douloureuses. À la quête du plaisir, à la difficulté de vivre ensemble s’ajoute l’hystérie paternelle. Le film se clôt sur la mort du « garçu », le père du personnage interprété par Gérard Depardieu, qui fait écho à l’agonie de la mère dans La Gueule ouverte, chef-d’œuvre maudit de son auteur. Le film, presque dépourvu de progression dramatique, est constitué d’une succession de morceaux de vie captés avec beaucoup de sensibilité. Ce film grave et juste, aux accents déchirants, fut mal accueilli à sa sortie par le public, qui se jugea sans doute de trop devant ces moments intimes. Quelle erreur. Pialat ne cherche pas l’impudeur, mais il atteint à la vérité des êtres et des choses. En filmant son propre fils Antoine, sentant peut-être la fin venir (ce sera son dixième et ultime long métrage, il meurt le 11 janvier 2003), Pialat se rapproche des origines du cinéma, des frères Lumière, tout simplement.

Le Garçu, comme désormais tous les longs métrages de Maurice Pialat, est disponible en Blu-ray, édité par Gaumont.

 

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