Dans le cadre de son cycle consacré à Isabelle Huppert, ARTE diffuse mercredi 23 septembre à 20h55 La Séparation, réalisé en 1994 par Christian Vincent.
Cette adaptation du roman de Dan Franck, produite par Claude Berri, propose la chronique d’un couple qui doit apprendre à se séparer sans trop souffrir. C’est une histoire simple, qui enregistre les différentes étapes d’une rupture, des prémisses au point de non-retour, la douleur et le désespoir qu’elles engendrent. A côté de cet échec sentimental, le film dresse le portrait en creux d’une génération désenchantée, condamnée à reproduire les erreurs de ses aînés. Les principaux protagonistes du film, issus de la gauche intellectuelle ou artistique parisienne, avaient vingt ans en 1968 et ont peu à peu abandonné leurs idéaux de jeunesse pour se couler dans un moule plus conformiste et confortable, vers un embourgeoisement progressif. Ce constat était au centre du livre de Franck, mais il en reste quelque chose dans le film de Vincent, qui caresse l’approche sociologique mais se concentre davantage sur le désarroi de Pierre, dessinateur de bandes dessinées interprété par Daniel Auteuil. La Séparation permet d’admirer deux grands acteurs au sommet de leur art : Daniel Auteuil bouleversant en homme blessé dont toutes les certitudes s’effondrent, et l’énigmatique Isabelle Huppert confrontée à une décision aussi douloureuse qu’irrévocable. Témoin silencieuse de cette agonie conjugale, la jeune fille qui garde l’enfant du couple jette un regard ambigu sur la situation. Connu pour ses comédies légères et raffinées (La Discrète), Christian Vincent a réussi un drame psychologique d’une extrême justesse, scandé par les Variations Goldberg de Bach. Son film n’est pas sans évoquer le cinéma de Claude Sautet, lui aussi attentif aux choses de la vie.
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