Olivier Père

Oslo, 31 août de Joachim Trier

Pour son deuxième long métrage, après la réussite inaugurale de Nouvelle Donne (2006), Joachim Trier s’est souvenu du roman de Pierre Drieu La Rochelle et de son adaptation cinématographique par Louis Malle, avec le génial Maurice Ronet dans le rôle principal. Oslo, 31 août (Oslo. 31 august, 2011) est une version contemporaine du Feu follet, transposée dans la capitale norvégienne. La drogue a remplacé l’alcool, les « rave parties » les salons mondains, mais le projet suicidaire d’un trentenaire sans attaches et déçu par la vie demeure. Le cinéaste suit les pas d’Anders qui, à sa sortie d’une cure de désintoxication, retrouve d’anciens amis et fait de brèves rencontres, le temps d’une dernière journée d’existence. Anders est un personnage bouleversant, dont l’intelligence et les qualités humaines n’ont pas su vaincre les penchants autodestructeurs. Anders Danielsen Lie, alter ego du cinéaste, prête à ce jeune homme vieilli trop vite, sur la voie de l’anéantissement, ses traits à la fois séduisants et tristes. Son interprétation est magnifique de justesse. Il exprime une sorte d’intensité éteinte et fragile. Joachim Trier dresse le portrait mélancolique de sa propre génération en même temps que celui d’une ville, avec beaucoup de sensibilité et d’inspiration. Il invente un cinéma du spleen, sur la fin des rêves de jeunesse, où l’âge des possibles vient se briser sur la dure réalité. Le résultat : un des plus beaux films du cinéma contemporain, qui s’inscrit dans une histoire de la modernité tout en proposant une écriture et un style profondément originaux.

 

Joachim Trier tourne en ce moment son nouveau long métrage, La Pire Personne au monde, coproduction ARTE France Cinéma.

Oslo, 31 août est disponible gratuitement sur ARTE.tv jusqu’au 31 décembre 2020.

 

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