Olivier Père

Fitzcarraldo de Werner Herzog

Dans le cadre de sa programmation « Summer of Dreams », ARTE diffuse Fitzcarraldo (1982) de Werner Herzog lundi 6 juillet à 22h45. Aguirre est le premier conquérant de l’inutile dans l’œuvre de Herzog, avant Fitzcarraldo et Cobra Verde, tous interprétés par Klaus Kinski. On peut y voir des autoportraits déguisés de Herzog lui-même, qui semble accorder un plaisir masochiste de plus en plus évident à organiser des tournages désastreux ou épuisants, mais quand même sous contrôle – Herzog se vante souvent qu’aucune personne n’a jamais été grièvement blessé sur l’un de ses tournages, assertion que ne pourraient revendiquer les producteurs de blockbusters hollywoodiens. Le point culminant de cette obsession du risque sera l’aventure de Fitzcarraldo. Débuté en 1979 avec Jason Robards et Mick Jagger dans les rôles principaux, le film qui raconte l’histoire d’un aventurier irlandais déterminé à construire un opéra en pleine jungle amazonienne est interrompu à cause de la maladie de Robards et du désistement de Jagger. Alors que tout le monde lui conseille d’abandonner, Herzog recommence le tournage avec son acteur fétiche Klaus Kinski et le termine en 1982. Le clou du film, qui voit Fitzcarraldo faire franchir à un bateau de 300 tonnes une montagne pour rejoindre un second fleuve, fut réellement accompli par Herzog et son équipe après plusieurs mois d’efforts. Un formidable documentaire, Burden of Dreams de Les Blank retrace l’odyssée du tournage et montre Herzog au travail. Le cinéaste est obstiné au dernier degré mais pas si fou que cela. C’est un excellent meneur d’hommes, porté par un évident mysticisme de la création. Des anecdotes savoureuses furent colportées à satiété par la presse : comment Herzog a menacé de tuer Kinski avec son pistolet s’il quittait le tournage, comment les Indiens ont proposé à Herzog de tuer Kinski tellement l’acteur était insupportable…

Catégories : Sur ARTE

Un commentaire

  1. derouet dit :

    Un des derniers grands films de Werner Herzog ,après Aguirre, la colère de Dieu,  L’Énigme de Kaspar Hauser et Nosferatu .
    Personnellement je trouve ses œuvres suivantes moins puissantes.
    Un tournage épique comme vous le soulignez avec justesse et quelques critiques ont plus vanté le documentaire Burden of Dreams que le film lui même,ce qui est injuste.
    Le tournage fut d’autant plus difficile que le réalisateur exigea qu’un bateau soit réellement hissé sur une colline. La seule concession aux effets spéciaux concerne la scène des rapides.

    Comme souvent les films d’Herzog abordent les thèmes de la folie et de la cruauté de la nature, il s’agit pour lui de révéler la part sombre de l’homme comme de la nature.
    En cela Herzog est bien un héritier d’un romantisme allemand sombre et inquiétant mettant en scène une nature, humaine comme terrestre, chaotique, menaçante et presque démoniaque et rejoint ainsi les Murnau et autres réalisateurs de l’expressionnisme allemand .

    Le film bénéficie d’une bande sonore grandiose ( musique de Popol Vuh avec des enregistrements originaux de Enrico Caruso, des extraits de Vincenzo Bellini (I Puritani), de Giacomo Puccini (La Bohème) et Giuseppe Verdi (Rigoletto et Ernani) qui participe pleinement à cette symbiose parfaite entre les images et le son.

    Heureusement Arte programme régulièrement ce film .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *