ARTE diffuse La Veuve Couderc (1971) de Pierre Granier-Deferre dimanche 5 avril à 20h55. Le film sera immédiatement suivi d’un documentaire inédit sur son actrice principale, Simone Signoret, figure libre de Michèle Dominici (disponible gratuitement en télévision de rattrapage du 29 mars au 30 avril 2020).
Pierre Granier-Deferre était un cinéaste français apparu dans les années 60, attaché à une certaine tradition du cinéma hexagonal, populaire mais avec des ambitions artistiques, et qui signa ses plus grands succès la décennie suivante. Il réalisait des films comme si la Nouvelle Vague n’avait jamais existé. Granier-Deferre s’inscrivait de manière délibérée dans une généalogie patrimoniale, en choisissant de mettre en scène deux fois Jean Gabin et d’adapter à plusieurs reprises des romans de Georges Simenon. Cet écrivain lui offrit la matière de quelques-uns de ses meilleurs films : Le Chat, La Veuve Couderc et Le Train. La Veuve Couderc raconte la relation, hors de toutes les conventions sociales et morales, entre un ancien bagnard qui se fait engager comme ouvrier dans une ferme, et une propriétaire vieillissante, dans la France rurale des années 30. Cette histoire se déroule dans une atmosphère viciée, marquée par l’avarice paysanne et la montée du fascisme. Delon y trouve un nouveau rôle d’homme solitaire et blessé à la destinée tragique, qui enrichit sa mythologie personnelle. Signoret, qui porte désormais le masque d’une vieillesse précoce, apporte au personnage de la veuve Couderc une intensité puissamment dramatique. Le film, co-écrit par Granier-Deferre et son scénariste Pascal Jardin, est infidèle au roman dont il édulcore la violence et la sexualité. Il y a chez Simenon une crudité dans les descriptions qui a souvent effrayé les cinéastes, à l’exception de Mathieu Amalric dans La Chambre bleue. C’est regrettable, mais il reste dans La Veuve Couderc, comme dans Le Chat et Le Train, une tristesse poisseuse caractéristique des romans de Simenon.
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