Olivier Père

Les Diaboliques de Henri-Georges Clouzot

Dans le cadre d’une soirée en hommage à Simone Signoret avec deux films majeurs de la comédienne française lundi 2 mars, ARTE diffuse Les Diaboliques (1955) de Henri-Georges Clouzot à 20h55, et Les Chemins de la haute ville (1959) de Jack Clayton à 22h50.

Avec Les Diaboliques, très librement inspiré d’un roman de Boileau-Narcejac, Henri-Georges Clouzot tente de rivaliser avec Hitchcock et signe un thriller d’une parfaite noirceur, qui lui permet d’étaler sa misanthropie. L’action se situe dans un pensionnat de province sinistre, dirigé par un tyran domestique. Clouzot choisit de ne mettre en scène que des personnages pervers, veules ou ignobles, à l’exception de la pauvre Véra Clouzot, la propre femme du cinéaste, épouse persécutée et victime désignée d’un terrible complot criminel. Ce qui n’aurait pu être qu’un simple film à suspense entre les mains d’un autre réalisateur devient avec Clouzot le tableau d’une humanité malade et méchante, reflet des propres pathologies du cinéaste et de sa propension à la cruauté mentale et physique. Le trait est parfois épais mais Clouzot excelle à créer une atmosphère putride, avec des images extrêmement marquantes comme cette piscine aux eaux sales qui engloutit un cadavre où cette baignoire qui accueille le corps de Paul Meurisse aux yeux révulsés.

Gros succès international au moment de sa sortie en 1955, ce classique du cinéma français va engendrer une mode pour les histoires de machinations adultérines, avec des retournements de situations et des scènes chocs dignes des films d’horreur. Hitchcock lui-même, impressionné par le travail de Clouzot, va demander à Boileau-Narcejac de lui écrire un roman dans le style des Diaboliques, qu’il puisse adapter à son tour pour le grand écran : ce sera D’entre les morts, qui deviendra Vertigo.

 

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