Olivier Père

Jeune et Jolie de François Ozon

Dans le cadre de son cycle consacré à François Ozon, ARTE diffuse Jeune et Jolie (2013) mercredi 4 septembre à 20h55.

Jeune et Jolie appartient à la catégorie des films-portraits de François Ozon. Le cinéaste s’attache à décrire les actes de son personnage principal, en s’intéressant au mystère de son intériorité. Ici nous assistons à l’éveil à la sexualité d’une jeune fille de 17 ans, avec un passage inattendu par une zone d’ombre et de transgression. Le tout rythmé par la succession des quatre saisons, des chansons tristes de Françoise Hardy et les vers d’Arthur Rimbaud, « on n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans. » François Ozon n’a pas souhaité réaliser un film-dossier sur la prostitution estudiantine. Il s’est quand même documenté sur le sujet afin d’ancrer son histoire dans la réalité. Mais son propos dépasse la simple étude sociétale. Jeune et Jolie aborde avec justesse le mal-être et la solitude affective de l’adolescence, à rebours de toute provocation gratuite et d’images sulfureuses. Une fois de plus, Ozon construit son film sur un autre film, et pas n’importe lequel. La référence à Belle de jour (1968) de Luis Buñuel est limpide. Isabelle, comme Séverine avant elle, ne se prostitue pas pour l’argent. Issue d’un milieu bourgeois, confortable et aimant, elle part à la recherche une forme de souillure physique et morale qui puisse l’arracher à sa frigidité. C’est la mort d’un client régulier pendant l’acte sexuel qui lui fera mettre un terme à ses activités interdites, et à cet apprentissage secret de la jouissance. Jeune et Jolie marque l’acte de naissance d’une femme en même temps que celui d’une actrice, Marine Vacth, la formidable révélation du film. Elle nimbe de mélancolie son interprétation d’Isabelle. Elle inspire fragilité et innocence, en même temps qu’une opacité troublante.

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