Olivier Père

M le maudit de Fritz Lang

Tamasa propose en combo DVD et Blu-ray une nouvelle édition de M le maudit (M, 1931), le premier long métrage sonore de Fritz Lang. Dans la même collection dédiée aux classiques du cinéma allemand, on peut également redécouvrir Le Testament du docteur Mabuse (1933) de Lang, et le film collectif Les Hommes le dimanche (1929), coréalisé par Robert Siodmak et Edgar G. Ulmer, avec aussi les débutants Billy Wilder et Fred Zinnemann crédité au scénario.

Lorsqu’il met en scène M le maudit, Lang est le cinéaste vedette du cinéma allemand. Après s’être intéressé aux mythes et légendes germaniques et avoir mis en scène sa grandiose vision d’un monde futur le génial démiurge opte pour un sujet en apparence plus réaliste, mais qui témoigne une nouvelle fois de sa fascination pour le thème du destin et des pathologies criminelles. M le maudit est l’histoire d’un tueur en série, assassin de petites filles, mais c’est aussi le portrait d’une société en crise, à la recherche d’un bouc émissaire, pour se purger de sa propre violence. La rigueur implacable de la réalisation de Lang, véritable architecte de la mise en scène, est enrichie par le son, technique alors balbutiante dont le cinéaste fait un usage d’une inventivité et d’une maîtrise absolues – les fameux sifflements du tueur pour ne citer qu’un exemple. Lang ne se contente pas d’enregistrer des dialogues, il instaure une atmosphère sonore aussi forte que les images. Lang organise la montée dramatique de son film avec la traque du tueur, mise en place parallèlement par les forces de l’ordre et la pègre, gênée dans ses activités par les investigations de la police. Il souligne l’efficacité supérieure du crime organisé, qui mettra la main sur le psychopathe avant les hommes du commissaire Lohmann (truculent policier berlinois qui reprendra du service deux ans plus tard dans Le Testament du docteur Mabuse, toujours interprété par Otto Wernicke) et lui intentera un procès, dans une parodie de justice qui souligne la comparaison de Lang entre la pègre et les voyous nazis sur le chemin de la prise de pouvoir. M le maudit est indissociable de Peter Lorre en monstre pathétique, à la fois bourreau et victime, qui délivre l’une des performances les plus puissantes de l’histoire du cinéma.

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