Olivier Père

Bande à part de Jean-Luc Godard

ARTE diffuse Bande à part (1964) lundi 2 juillet à 22h30, en version restaurée. Le film de Jean-Luc Godard sera suivi d’un documentaire inédit, Anna Karina – souviens-toi, réalisé par Dennis Berry et également disponible gratuitement en télévision de rattrapage pendant soixante jours sur le site d’ARTE.

Tourné juste après Le Mépris et son lyrisme en Technicolor, Bande à part est une adaptation d’une série noire américaine transposée dans Paris et sa banlieue. C’est la période où Jean-Luc Godard enchaîne à un rythme très soutenu les films, avec une inspiration sans cesse renouvelée, alternant couleur et noir et blanc, productions avec des vedettes et tournages plus légers. Le cinéaste retrouve son épouse et égérie Anna Karina qu’il entoure de deux jeunes acteurs alors au début d’une longue et belle carrière, Sami Frey et Claude Brasseur. L’histoire de la préparation hasardeuse d’un cambriolage par deux jeunes voyous se transforme en déambulation poétique, au cours de laquelle Jean-Luc Godard s’intéresse davantage aux émotions de ses personnages qu’à l’action proprement dite. Bande à part traine une réputation de film mineur parmi le corpus godardien très riche des années 60. C’est pourtant l’un des titres préférés de certains cinéphiles qui le préfèrent à des chefs-d’oeuvre plus reconnus. Bande à part, sous ses apparences modestes de petit polar, tourné rapidement avec une équipe réduite, et une histoire simple et linéaire, est une merveille de cinéma pur, qui recèle des moments magiques comme la traversée du Louvre au pas de course ou le madison dans un café. Le réalisateur introduit en voix off des effets de distanciations et ouvre des parenthèses dans le récit. Bande à part tisse un réseau très dense de citations littéraires et culturelles, avec Raymond Queneau comme influence majeure, mais aussi Louis Aragon, André Breton (Nadja en particulier) et bien d’autres. Le film offre à Godard l’occasion de questionner les notions de classicisme et de modernité, au coeur des débats de l’époque. Le véritable sujet de Bande à part c’est le beau regard triste d’Anna Karina, amoureusement mise en scène par Godard, lors d’une période critique traversée par leur couple. En apparence léger et joyeux, Bande à part dissimule une profonde mélancolie.

 

 

Catégories : Sur ARTE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *