ARTE diffuse Le Docteur Jivago (Doctor Zhivago, 1965) de David Lean jeudi 28 décembre à 20h55
En 1963, l’agent de David Lean lui suggère de lire un roman russe de plus de cinq cents pages, « Le Docteur Jivago » de Boris Pasternak. Le roman avait été interdit en Union Soviétique, mais il était vite devenu un classique de la littérature contemporaine et un succès de librairie traduit dans plusieurs langues, tandis que Pasternak recevait le Prix Nobel de littérature en 1958.
Lean se passionne pour cette histoire d’amour dans la tourmente de la révolution bolchévique et décide d’en faire son prochain film. L’adaptation est épineuse et Lean s’offre une nouvelle fois les services de Robert Bolt, satisfait de leur collaboration sur le scénario de Lawrence d’Arabie.
Les deux précédents films de Lean, Le Pont de la rivière Kwai et Lawrence d’Arabie avaient été produits par Sam Spiegel, et les deux hommes avaient entretenu une relation très conflictuelle qui n’encourageait pas Lean à vouloir renouveler l’expérience. Le Docteur Jivago sera produit pour la MGM par l’Italien Carlo Ponti, qui avait acquis les droits du roman en espérant confier le rôle de Lara, le grand amour de Jivago, à son épouse Sophia Loren. Jane Fonda et Yvette Mimieux sont envisagées. Le choix de Lean se porte sur une débutante de vingt-quatre ans, la comédienne britannique Julie Christie qui n’a tenu que quelques petites rôles, dont deux très remarqués, dans Billy le menteur de John Schlesinger et Le Jeune Cassidy, commencé par John Ford et terminé par Jack Cardiff. Lean se renseigne sur Julie Christie auprès de Ford qui ne tarit pas d’éloge sur la jeune comédienne.
La MGM souhaitait que Paul Newman incarne Jivago. Après avoir pensé à Peter O’Toole, David Lean opte pour Omar Sharif, qu’il a déjà dirigé dans Lawrence d’Arabie. Certaines personnes sont surprises qu’on pense à un acteur Egyptien pour jouer un Russe, mais Omar Sharif sera parfait dans le rôle. Rod Steiger, Tom Courtenay, Alec Guinness et Geraldine Chaplin (photo en tête de texte) complètent la distribution. La majeure partie du tournage se déroulera en Espagne, où les rues de Moscou sont reproduites en studios. Les prises de vue sont d’abord assurées par Nicolas Roeg, un talentueux directeur de la photographie qui deviendra dans les années 70 le célèbre réalisateur de Ne vous retournez pas ou L’homme qui venait d’ailleurs. Mais David Lean n’apprécie pas la personnalité un peu insolente du jeune homme et il le remplace par Freddie Young, qui avait déjà signé les superbes images de Lawrence d’Arabie. Le film est boudé par la critique qui le trouve kitsch, démodé et lui reproche son imagerie très hollywoodienne. Il est vrai que la conception académique qu’a David Lean des films à grand spectacle est aux antipodes des transformations et des révolutions que connaît le cinéma au milieu des années 60, avec les nouveaux auteurs de la Nouvelle Vague française ou du « free cinema » britannique. Cela n’empêchera pas le film d’être un triomphe mondial, porté par la célèbre musique de Maurice Jarre, qui va émouvoir au fil des décennies des millions de spectateurs romantiques, comme avant lui Autant en emporte le vent (diffusé lundi 25 décembre à 20h55 sur ARTE) ou après lui Titanic de James Cameron.
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