Olivier Père

Le Plus Grand Cirque du monde de Henry Hathaway

ARTE diffuse Le Plus Grand Cirque du monde (Circus World, 1964) de Henry Hathaway mercredi 27 décembre à 13h35. Le film est également disponible en télévision de rattrapage pendant sept jours sur le site d’ARTE.

Il s’agit de l’un des derniers films à grand spectacle produits par Samuel Bronston dans ses studios espagnols avant sa faillite. Il est étonnant de constater à quel point le film entérine malgré lui le déclin du producteur, en montrant un barnum américain victime de deux catastrophes – un naufrage puis un incendie – à son arrivée en Espagne, comme pour souligner le caractère hasardeux de l’exportation sur le sol européen de l’industrie du divertissement hollywoodien, même motivée par des conditions financières très avantageuses. Les histoires mélodramatiques de retrouvailles et de filiation au cœur du Plus Grand Cirque du monde semblent moins intéressantes que cette mise en abyme du cinéma selon Samuel Bronston proposée par le film, chant du cygne du producteur aventurier. Le Plus Grand Cirque du monde était au départ un projet de Nicholas Ray avec lequel Bronston avait déjà produit Le Roi des rois en 1961. Mais les deux hommes se fâchent définitivement sur le tournage des 55 Jours de Pékin. L’histoire originale de Ray et le scénario de Ben Hecht sont altérés par James Edward Grant, un scénariste imposé par John Wayne, la star du film. Frank Capra est engagé pour réaliser le film mais il quitte le projet lors de la préparation, en désaccord avec les nouvelles versions du scénario. C’est finalement Henry Hathaway, choisi par Wayne qui avait tourné plusieurs films avec lui, qui hérite de cette superproduction à la genèse compliquée, et au scénario troué de lacunes qui rendent l’intrigue très elliptique malgré la longueur exagérée du film. Aux côtés de John Wayne et Rita Hayworth qu’on a connu en meilleure forme, Claudia Cardinale brille de toute sa beauté sensuelle et juvénile dans son deuxième film américain, un an après La Panthère rose de Blake Edwards. La version originale nous permet d’entendre sa fameuse voix rauque et son accent italien quand elle parle anglais, tandis qu’elle est doublée dans la version française. Rayonnante, elle apporte beaucoup de fraicheur et de modernité à un film qui marque la décadence d’une certaine idée du grand spectacle cinématographique.

 

 

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