ARTE diffuse L’Ange bleu (Der Blaue Engel, 1930) de Josef von Sternberg lundi 11 décembre à 22h25, dans le cadre du cycle qui célèbre le centenaire de la UFA. Le film sera également disponible en télévision de rattrapage pendant sept jours sur ARTE Cinéma.
L’Ange bleu est le premier film parlant tourné en Allemagne. C’est aussi le titre qui marque le début de la collaboration entre Sternberg et Marlene Dietrich, que le réalisateur dirigera ensuite dans six autres films après leur départ à Hollywood. Dietrich avait déjà joué dans plusieurs films allemands mais c’est L’Ange bleu, et le rôle de Lola-Lola, qui vont la transformer en vedette internationale. La véritable star du film au moment du tournage, le grand acteur Emil Jannings, retrouve dans L’Ange bleu le thème de la déchéance, au cœur de certains de ses films précédents comme Variétés et Le Dernier des hommes. L’histoire du professeur Rath, transformé en épave pour être tombé amoureux fou d’une chanteuse de cabaret, lui offre une nouvelle performance inoubliable, surtout dans la dernière partie du film où triomphe le pathétique et le sordide. Cinéaste de la cruauté, Sternberg ne joue pas avec les poncifs de la femme fatale. Rath n’est en rien la victime d’une dangereuse séductrice. Aveuglé par son désir, il se perd lui-même en pensant pouvoir échapper à son ennuyeuse et respectable condition de professeur de lycée, en vivant un amour de vieillesse avec une femme qui n’est pas faite pour lui. L’Ange bleu est devenu indissociable de l’érotisme qui se dégage de Marlene Dietrich, première étape des transformations physiques qui lui imposera son pygmalion Sternberg. L’Ange bleu n’atteint pas encore la perfection formelle des chefs-d’œuvre américains du cinéaste, mais sa dimension mélodramatique est d’une puissance incomparable. La mise en scène du film emprunte des éléments expressionnistes mêlés à l’art baroque de Sternberg, encore en gestation.

Emil Jannings et Marlene Dietrich dans L’Ange bleu de Josef von Sternberg
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