Olivier Père

Vacances à Venise de David Lean

ARTE diffuse Vacances à Venise (Summertime, 1955) de David Lean dimanche 24 septembre à 20h55, en version restaurée. Le film sera également disponible en télévision de rattrapage pendant sept jours sur le site d’ARTE.

Le style de David Lean se caractérise par sa clarté et son classicisme. Dans la première partie de son œuvre, bien avant les superproductions historiques à grand spectacle, il est aussi à l’aise dans le drame que la comédie, comme en témoigne Chaussure à son pied en 1954 avec Charles Laughton. Lean est toujours tiraillé entre des aspirations personnelles très romantiques et parfois sombres, et son goût pour des projets ouvertement commerciaux. Le dernier film de cette période est Vacances à Venise, un mélodrame tourmenté avec Katherine Hepburn se déroulant dans une Venise de carte postale sublimée par le Technicolor. C’était paraît-il le film préféré de son auteur. Il s’agit d’un film étrange dont l’héroïne est une vieille fille américaine interprétée par la star vieillissante, antipathique, osseuse et sans la moindre once de séduction, névrosée et hystérique, dont les tentatives amoureuses, éveillées par la sensualité de la Cité des Doges, se soldent par des ratages humiliants. Ce film atypique dans la carrière de Lean est pourtant parfaitement représentatif de son style et de ses aspirations : beauté visuelle un rien figée et frigidité émotionnelle, maniaquerie de rombière et soif d’absolu. Beau film sur la solitude et la déception, Vacances à Venise aborde de manière explicite un thème qui traverse, parfois secrètement, parfois de manière assez crue (voir son dernier film, La Route des Indes), l’œuvre de Lean : la frustration sexuelle.

Vacances à Venise de David Lean

Katharine Hepburn et Rossano Brazzi dans Vacances à Venise de David Lean

Catégories : Sur ARTE

Un commentaire

  1. ANNE TAUPIN dit :

    Les vues de l’époque de Venise en technicolor sont d’une remarquable beauté et très instructives sur la vie du milieu du XXiéme siécle. C’est très intéressant.
    Quant à la frustration sexuelle de l’héroïne je pense que le film laisse entrevoir une nuit d’amour avec un bel épanouissement sexuel suggéré par le beau feu d’artifice
    Quant à la morale de l’histoire on sait bien que les amours de vacances n’existent que le temps du séjour et en 1955 qu’une femme prenne la décision de partir contre la volonté de son amant est un acte de courage et le choix d’une vie libre et indépendante .
    Ce choix de travailler et de subvenir à ses propres besoins par soi-même est une preuve de courage . Ce qui est normal de nos jours ne l’était pas du tout en 1955.
    Film sur la solitude …. oui film sur la frustration sexuelle … non
    Il vaut mieux une seule expérience tardive et brève , que pas du tout .
    Katherine HEPBURN joue remarquablement bien .
    Cela s’est une évidence!!!!

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