L’Amour de Jeanne Ney (Der Liebe der Jeanne Ney, 1927) de Georg Wilhelm Pabst est diffusé pour la première fois sur ARTE lundi 4 septembre à 0h20 en version restaurée, dans le cadre de l’hommage à la UFA. Le film sera également disponible en télévision de rattrapage pendant trente jours sur le site d’ARTE.
Moins connu que La Rue sans joie, Journal d’une fille perdue ou bien sûr Loulou, L’Amour de Jeanne Ney compte pourtant parmi les grands films de Pabst, cinéaste dont l’œuvre muette reste ce qu’il a fait de mieux. En 1927 la UFA confie à Pabst l’adaptation cinématographique d’un roman de l’écrivain russe communiste Ilya Ehrenbourg publié trois ans plus tôt. Ce dernier participe au scénario mais se sentira trahi, à cause de l’adjonction d’une fin heureuse. L’Amour de Jeanne Ney est un mélodrame qui débute en Crimée dans la Russie de 1917. Jeanne Ney est la fille d’un diplomate et correspondant français en poste en Russie. Le père de Jeanne est tué à cause d’une liste d’agents bolcheviques que lui avait vendue un informateur. De retour à Paris, Jeanne est hébergée par son oncle qui dirige une agence de détectives. Son chemin croise à nouveau celui du traître, venu chercher refuge en France, mais aussi celui de son amant, qui n’est autre que l’assassin de son père. Influencé par la psychanalyse, Pabst est le cinéaste des pulsions violentes et sexuelles. L’Amour de Jeanne Ney est chargé d’une lourde tension érotique, notamment autour du personnage du salaud, affublé de nombreux vices. Le contexte politique du film – Russes blancs et bolcheviques se retrouvent à Paris – est indissociable d’un climat de sensualité, de crime et de convoitise. Le cinéma de Pabst à ses débuts dialogue avec celui d’Alfred Hitchcock qui signe The Lodger la même année que L’Amour de Jeanne Ney. On est admiratif devant l’art du montage et du cadrage du cinéaste allemand, son art du suspens et de la dramatisation lors de la scène du meurtre. Pabst et le grand directeur de la photographie Fritz Arno Wagner signent notamment d’impressionnantes prises de vues des rues de la capitale française en filmant le couple d’amoureux au cœur de la foule. Un chef-d’œuvre à redécouvrir, dans une version qui restitue toute la beauté de ses images.

L’Amour de Jeanne Ney de Georg W. Pabst

L’Amour de Jeanne Ney de Georg W. Pabst
Sans rien vouloir enlever à ses films muets, il faut redécouvrir Das Bekenntnis der Ina Kahr, qui est un chef-d’oeuvre absolu, un des plus grands films des années 50 consacrés à la place de la femme dans la société moderne (et quand on sait que ces années-là ont vu les films de Mizoguchi et de Sirk, ce n’est pas peu dire…)!
Titre français : Le Destructeur. Je ne connais pas ce film merci de le signaler. Je crois qu’une rétro Pabst est prévue à la Cinémathèque l’année prochaine, l’occasion de redécouvrir ses films toutes périodes confondues.
Ce serait une très bonne nouvelle. J’avais vu le film à Locarno l’année dernière, dans la rétrospective d’Olaf Möller sur le cinéma de la RFA des années d’après-guerre, qui est une des rétrospectives les plus passionnantes qu’il m’a été donné de voir, une totale réécriture d’une certaine page de l’histoire du cinéma mondial. J’avais écrit quelques lignes rapides sur le Pabst ici: https://blogs.mediapart.fr/…
En effet cette rétrospective devait être passionnante je n’ai pas pu me rendre à Locarno en 2016 mais j’ai le catalogue.
Excellent compte rendu j’aime beaucoup le film de Radu Jude qui sort enfin en France l’année prochaine et dont nous devrions parler ici bientôt.