ARTE diffuse Week-end à Zuydcoote (1964) de Henri Verneuil, en version restaurée et dans le cadre d’une soirée Jean-Paul Belmondo, dimanche 3 septembre à 20h50. Cette coûteuse production des Frères Hakim d’après le roman éponyme de Robert Merle compte parmi les efforts les plus remarquables de Verneuil de sa période en couleur – la photographie est signée Henri Decae. Les impressionnants moyens mis en œuvre pour reconstituer la bataille de Dunkerque de juin 1940 n’altèrent pas les intentions d’un film intimiste qui préfère se concentrer sur les caractères humains plutôt que la débauche de scènes spectaculaires. Le film raconte l’attente des soldats français coincés sur la plage de Zuydcoote et bombardés par l’aviation et l’artillerie allemande, dans l’espoir d’un hypothétique embarquement vers l’Angleterre. Cette situation à la fois tragique et absurde est décrite par les auteurs du film du point de vue d’un petit groupe de fantassins et en particulier du jeune sergent-chef Julien Maillat (Jean-Paul Belmondo), témoin lucide d’un désastre militaire qui va précipiter la défaite française. La verve antimilitariste du roman de Merle, adaptée à l’écran par l’écrivain lui-même, se retrouve dans le film de Verneuil. Des soldats français se livrent à des trafics cyniques et s’organisent déjà en prévision du marché noir et de la collaboration avec l’ennemi, tandis que d’autres tentent de violer une jeune fille demeurée seule dans sa maison menacée par les bombes. La mort est omniprésente dans Week-end à Zuydcoote, avec la cohabitation quotidienne et résignée des vivants avec les cadavres. Au début des années 60 Jean-Paul Belmondo était devenu une vedette avec À bout de souffle. Il va passer sans transition de Godard à un cinéma plus conventionnel, dans lequel il va insuffler la modernité de son jeu mais aussi de sa présence physique. Il est excellent dans Week-end à Zuydcoote où il apporte une tristesse désabusée et presque célinienne à son personnage, un an avant Pierrot le fou. Belmondo est entouré d’une pléiade de comédiens remarquables, comme François Périer dans un rôle très émouvant. On peut s’amuser de comparer Week-end à Zuydcoote avec Dunkerque de Christopher Nolan sorti cet été. Quelques plans d’ensemble du film de Verneuil avec la plage vue d’avion, les silhouettes minuscules ou les bateaux à l’horizon pourraient être revendiqués par Nolan. Mais Dunkerque tend vers l’abstraction conceptuelle tandis que Week-end à Zuydcoote, solidement mis en scène, reste attaché à une conception psychologique du récit et privilégie les performances d’acteurs.
Week-end à Zuydcoote de Henri Verneuil
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