Dans le cadre de son Summer of… ARTE diffuse Shaun of the Dead (2004) de Edgar Wright dimanche 6 août à 20h50. Cette soirée sera placée sous le signe de l’horreur à l’anglaise sous toutes ses formes puisqu’après un documentaire sur la Hammer ARTE proposera Le Voyeur de Michael Powell à 23h15. La diffusion de Shaun of the Dead vient nous rappeler que George A. Romero, disparu le 16 juillet, avait particulièrement apprécié cet hommage d’un cinéaste britannique débutant à ses films de morts-vivants, au point de confier à ses auteurs, Edgar Wright et Simon Pegg, des petits rôles de… zombies dans Land of the Dead.
Il est entendu que la parodie est un genre mineur qui n’a guère engendré d’œuvres impérissables. Il existe néanmoins certains films qui font preuve de suffisamment d’intelligence et de connaissance du matériau parodié pour s’extraire de la moquerie ou de la dérision systématique pour aboutir à un résultat à la fois original et respectueux. C’est le cas de Shaun of the Dead, sympathique revitalisation de la comédie anglaise par le biais inattendu du film de zombies tel qu’il fut défini et popularisé par George A. Romero. Edgar Wright, scénariste et réalisateur, ne se contente pas d’accumuler les clins d’œil cinéphiles et allusions à La Nuit des morts-vivants et Zombie, à Evil Dead de Sam Raimi, Resident Evil et d’autres films chéris de la culture geek. Il signe aussi avec Shaun of the Dead un film de son époque, une photographie assez juste des mœurs et coutumes de ses concitoyens, à l’instar de la sitcom Spaced sur laquelle il se fit la main avec son complice Simon Pegg. Wright et Pegg y parlent de trentenaires immatures, de colocations entre jeunes mâles célibataires, de vies professionnelles sans horizons, de relations sentimentales et familiales compliquées, d’un repli régressif typique de notre civilisation. D’une certaine manière, le choix du film de zombies n’est pas si incongru que cela pour parler de la société anglaise des années 2000. Ainsi, Shaun of the Dead est tout autant une comédie d’observation qu’une trépidante aventure horrifique sur une invasion de zombies dans les décors quotidiens de Londoniens aux vies monotones et parfaitement réglées. Les dialogues et les gags sonnent aussi justes que les passages obligés du film de zombies, y compris les plus gore, efficacement mis en scène. Comédie romantique, satire sociale, manifeste générationnel, Shaun of the Dead a finalement bien retenu la leçon de George A. Romero selon laquelle les film de zombies ne sont qu’un moyen détourné pour parler du monde dans lequel nous vivons.
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