Olivier Père

Goupi mains rouges de Jacques Becker

Pathé édite le 16 décembre en DVD et BR dans des nouveaux masters restaurés trois classiques du cinéma français adaptés de romans de Pierre Véry : Les Disparus de St. Agil et L’Assassinat du Père Noël de Christian-Jaque et l’admirable Goupi mains rouges de Jacques Becker.

Réalisé en 1943 Goupi mains rouges est le second long métrage et la première grande réussite de Jacques Becker, après Dernier Atout, un film d’aventures. Longtemps assistant de Jean Renoir, Becker deviendra un des meilleurs cinéastes français de l’après-guerre, et le modèle le plus admiré, avec Max Ophuls et Robert Bresson, des jeunes critiques de Cahiers du Cinéma et futurs auteurs de la Nouvelle Vague. Ecrit en étroite collaboration avec le romancier Pierre Véry, Goupi mains rouges propose une enquête sur un meurtre, mais il s’agit avant tout d’une chronique rurale centrée autour des Goupi, une famille de paysans composée de personnages haut en couleur. Tourné pendant l’Occupation, le film prend ses distances avec la mythologie pétainiste du retour à la terre. Si la conclusion du film affiche une certaine prudence vis-à-vis de la censure et de la morale de l’époque, Becker n’hésite pas à brocarder les travers de la paysannerie française (l’avarice n’étant pas le moindre) et surtout à montrer cette famille autarcique comme le vestige d’une civilisation sur le déclin. Parmi les membres excentriques ou antipathiques de la famille Goupi, l’histoire a surtout retenu Goupi Tonkin, nostalgique des colonies interprété par Robert Le Vigan, plus halluciné que jamais. Becker aborda des registres très divers dans sa brève carrière (treize titres), au sein du cinéma commercial français, ce qui nuisit à son statut d’auteur. Mais il fut également le peintre des mœurs et de la société à la Libération, avec des films remarqués comme Antoine et Antoinette ou Rendez-vous de juillet sur la jeunesse de Saint-Germain-des-Prés qui annonce dès 1949 le cinéma vérité et la Nouvelle Vague. Il adopte dans Goupi mains rouges un ton que l’on retrouvera dans ses meilleurs films : une étude des comportement presque entomologique, qui mêle la comédie et le drame, avec des accents tragiques et même fantastiques, comme dans son chef-d’œuvre suivant, Falbalas.

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