Olivier Père

La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara

Dans les des années 50, Claude Autant-Lara réalise certains de ses meilleurs films.

La Traversée de Paris (1956), diffusé sur ARTE le lundi 7 septembre à 20h50, est un classique du cinéma français, adapté d’une nouvelle de Marcel Aymé, où triomphent Bourvil et Jean Gabin dans des contre-emplois. Le premier, imposé par le réalisateur contre l’avis général, abandonne ses rôles d’idiots sympathiques pour incarner un trafiquant vil et grossier, tandis que le second interprète un artiste peintre à la mode, cultivé et mondain, loin de ses personnages récurrents d’ouvriers ou de bourgeois, de flic ou de gangster. Le film dresse un portrait très corrosif de la France sous l’occupation, avec une histoire de marché noir qui révèle la lâcheté et le cynisme d’une partie de la population, et n’épargne personne, pas même le petit peuple parisien.

Ce grand succès public est également considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de Claude Autant-Lara, dès la sortie du film où même les habituels détracteurs du cinéaste, souvent critiqué pour ses choix de sujets et son goût de la provocation, exprimèrent leur enthousiasme.

« Autant-Lara a réussi avec La Traversée de Paris ce qu’il avait raté avec L’Auberge rouge, un film tout à rebrousse-poil et dont l’ironie parvient à désacraliser. Le véritable côté déplaisant (déplaisant mais non détestable) n’est pas dans l’ordre de la politique, il réside bien davantage dans l’espèce de racisme de l’intelligence qu’il laisse sous-entendre. » écrivait André Bazin dans « France Observateur » le 8 novembre 1956.

Le fils spirituel de Bazin, François Truffaut, n’avait jamais épargné dans ses critiques le cinéaste du Diable au corps. Pourtant, en toute bonne foi, en novembre 56, Truffaut avait modifié son jugement sur Autant-Lara et félicité l’auteur de La Traversée de Paris : « Si j’admire aujourd’hui et presque sans réserve La Traversée de Paris, si la réussite cette fois me paraît évidente, c’est que Claude Autant-Lara a enfin trouvé le sujet de sa vie, un scénario à sa ressemblance que la truculence, l’exagération, la hargne, la vulgarité l’outrance, loin de desservir, ont haussé jusqu’à l’épique. Autant-Lara est devenu un auteur de film au sens que j’aime donner à ce mot. »

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