Olivier Père

Messe noire de Eric Weston

ZATLA édite en DVD (en vente le 18 mars) Messe noire (Evilspeak, 1981) de Eric Weston. Ce qui devrait évoquer des souvenirs crapoteux à tous ceux qui découvrirent ce film à la grande époque de la VHS, quand il hantait le rayon « horreur »  des vidéoclubs du monde entier.

Stanley Coopersmith, cadet dans une école militaire au physique ingrat, est le souffre-douleur de ses camarades et du personnel d’encadrement. En nettoyant le sous-sol de la chapelle de l’école, le jeune homme découvre une pièce secrète composée de toutes sortes d’objets étranges voués au culte satanique. Parmi ceux-ci se trouve un livre intrigant que Stanley traduit à l’aide de son ordinateur (séquences amusantes si l’on se souvient des balbutiements de l’informatique au début des années 80.) Ne supportant plus les brimades de plus en plus cruelles, il décide d’implorer l’esprit démoniaque qui s’est emparé de son ordinateur, pour réclamer vengeance.

Dans les années 80, de nombreux films d’horreur anglo-saxons prirent pour protagonistes (et pour spectateurs) des adolescents à problèmes, soit victimes de tueurs masqués, soit en proie à des démangeaisons pubertaires et/ou diaboliques. Messe noire qui appartient à la seconde catégorie est à redécouvrir car ce « slasher » satanique, version masculine de Carrie au bal du diable (diffusé le mois prochain sur ARTE) de Brian De Palma dans une école militaire, se permet quelques débordements « gore » réellement choquants, avec des dérapages incontrôlés dans le Grand-Guignol le plus sanguinolent (vingt dernières minutes dantesques) que les fantasticophiles avaient davantage l’habitude d’apprécier dans les films d’horreur italiens signés Fulci et consorts que dans des productions américaines généralement plus raisonnables. On n’oubliera pas de sitôt le massacre d’une fille nue dans sa baignoire dévorée par un cochon sauvage ni les démentielles décapitations en séries dans une église lors du carnage final, avec lévitation, métamorphoses, bande son d’enfer et invocations sataniques. Les amateurs d’objets cinématographiques déviants seront aux anges. C’est le premier film d’Eric Weston qui ne signera par la suite que quelques obscurs films d’action destinés au marché vidéo. Messe noire est l’un des petits titres de gloire du producteur excentrique Silvio Tabet. Né au Liban, Tabet étudie la mise en scène à l’IDHEC et produit ou coproduit des films en France (Cours après mois que je t’attrape, Le Trouble-fesses, Bilitis, Le Pion, Vas-y maman, Le Toubib, Tusk) avant de s’installer à Hollywood où il produira trois films étranges : Fondu au noir de Vernon Zimmerman (sur un psychopathe cinéphile, à redécouvrir), Messe noire, Dar l’Invincible de Don Coscarelli et ses suites (il signera lui-même le piteux deuxième épisode.) De retour en France il coproduira Liberté, égalité, choucroute de Jean Yanne et La vie dissolue de Gérard Floque de Georges Lautner et participera également à la production de projets plus prestigieux comme Cotton Club de Francis Ford Coppola ou Faux-semblants de David Cronenberg.

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