Olivier Père

Diamants sur canapé de Blake Edwards

ARTE diffuse ce soir à 20h45 l’un des chefs-d’œuvre de Blake Edwards, le très beau Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany’s, 1960), adaptation plus que parfaite du roman de Truman Capote.

Le mariage du rire et des larmes, du burlesque et de l’émotion, constant dans sa filmographie, Edwards l’a réussi à la perfection à l’orée de sa carrière avec ce film inoubliable dont la célébrité doit beaucoup à la sublime Audrey Hepburn et à la musique de Henry Mancini (« Moon River », Oscar de la meilleure chanson cette année-là) qui deviendra le compositeur attitré de Blake Edwards. Diamants sur canapé marque le triomphe de l’élégance et du glamour sur grand écran, à tel point qu’on en oublie combien triviale est son histoire, à l’instar des comédies de Lubitsch qui ne parlent que de sexe et d’argent. C’est la rencontre d’un écrivain gigolo et d’une petite prostituée qui a fui sa campagne natale pour mener une vie de demi-mondaine à New York (ville rarement aussi bien filmée), toujours en quête de milliardaires à plumer. Derrière le goût immodéré de la fête et le souci de ne jamais s’apitoyer sur soi-même se dissimule la blessure d’une petite fille devenue trop vite l’objet du désir des hommes. Quant au personnage de l’écrivain entretenu par une femme riche plus âgé que lui, sa passivité, sa dépendance financière et son impuissance à écrire un nouveau livre remettent en question la virilité du séducteur hollywoodien, et George Peppard possède la mollesse physique et morale idéale pour le rôle. Cette inversion des rôles – hommes passif et femme (sur)active – traversera de nombreux films de Blake Edwards qui a souvent travaillé la question (autobiographique) de l’identité sexuelle et du rapport entre masculin et féminin, parfois sous des formes grotesques – travestissement, échanges de personnalité, mais aussi plus subtiles comme ici.

George Peppard et Audrey Hepburn

George Peppard et Audrey Hepburn

Prince des sentiments comme des gags les plus sophistiqué, Edwards régla avec une précision d’horloger et un sens du rythme exceptionnel une série de films comiques d’une indéniable efficacité visuelle. Mais celui-ci est peut-être le plus original et le plus parfait, toujours aussi drôle et émouvant plus de cinquante ans après sa réalisation.

 

PS : Les amoureux des chats, déjà comblés par le dernier film des frères Coen, ne doivent pas rater Diamants sur canapé.

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