Olivier Père

La dolce vita de Federico Fellini

Ce soir ARTE rend hommage à Federico Fellini avec la diffusion de La strada (1954) à 20h50 et La dolce vita (1960) à 22h30 suivis d’un documentaire inédit de Gérald Morin à 1h20, « Sur les traces de Fellini ».

La dolce vita marque une étape essentielle, et une rupture, dans l’œuvre de Federico Fellini. Le cinéaste dépasse l’inspiration néo-réaliste et spiritualiste de ses débuts et décide de reconstituer dans les décors de Cinecittà la Rome nocturne fréquentée par la jet-set internationale entourée d’une nuée de parasites et de paparazzi. Fellini, dont les premiers films étaient marqués par le christianisme (c’est le cas des Nuits de Cabiria, Il bidone et La strada par exemple), prend ses distances avec une religion moribonde et signe le film d’un moraliste décrivant un monde en transformation, l’Italie du boom économique, l’ère des images médiatiques et de la publicité, le triomphe de la société du spectacle et de la consommation qui est aussi une nouvelle ère de décadence, comme en témoignent le suicide de l’écrivain catholique interprété par Alain Cuny, la tristesse du personnage de Mastroianni qui a renoncé à la littérature pour devenir chroniqueur modain, les orgies et les fêtes qui renvoient aux bacchanales de l’Antiquité. Mais surtout, Fellini rompt avec le scénario traditionnel et invente une forme inédite d’écriture cinématographique qui fait de La dolce vita, au même titre que L’avventura d’Antonioni (une autre subversion du psychodrame bourgeois), une date importante dans l’histoire de la modernité. Le film ne suit aucune progression dramatique apparente et est constitué de grands tableaux plus ou moins baroques et symboliques – la statue du Christ qui survole Rome en hélicoptère, le monstre marin échoué sur la plage, la mythique scène de la fontaine de Trevi avec Anita Ekberg en star de cinéma Vénus moderne – qui forment une mosaïque à la beauté funèbre, avec Marcello Mastroianni comme guide somnambulique et de plus en plus désabusé. Fellini ira encore plus loin dans l’éclatement de la narration avec Satyricon – une version antique, fantasmatique et cauchemardesque de La dolce vita, Roma ou Amarcord. Mais La dolce vita demeure sans doute le chef-d’œuvre absolu du cinéaste, plus bouleversant à chaque nouvelle vision.

 

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