Olivier Père

Apichatpong Weerasethakul président du jury du Concorso internazionale du 65ème Festival del film Locarno (english version below)

Apichatpong Weerasethakul

Apichatpong Weerasethakul

Le Festival del film Locarno a communiqué hier le nom de son prestigieux président du jury pour sa 65ème édition. Né en 1970, Apichatpong Weerasethakul est titulaire d’un diplôme en Architecture de l’Université de Khon Kaen et d’un Master of Fine Arts en réalisation de la School of the Art Institute de Chicago. Apichatpong Weerasethakul est aujourd’hui reconnu comme l’une des voix les plus originales du cinéma contemporain. En 2000 il réalise son premier long métrage de cinéma, Mysterious Object at Noon (Dokfa nai meuman), remarqué au Festival de Rotterdam, qui mêle déjà, dans une forme expérimentale, fiction et documentaire.

Tropical Malady (2004)

Tropical Malady (2004)

La plupart d’entre nous découvrit Apichatpong Weerasethakul au festival de Cannes en 2002 où Blissfully Yours (Sud sanaeha) déclencha une admiration précoce et méritée, véritable apparition surgie d’un pays qui ne donnait pas souvent de ses nouvelles au cinéma, remportant le Prix Un Certain Regard. En 2004, Tropical Malady (Sud Pralad), en compétition au Festival de Cannes, confirme le talent unique d’un cinéaste à la fois visionnaire – création d’un univers et d’un bestiaire fantastique sorti de son imagination et de la résurrection de légendes anciennes et attentif à la réalité de la vie quotidienne de son pays. Images étourdissantes, monde sonore d’une richesse inouïe, mais aussi surprises de la forme et de la structure – Tropical Malady est un film scindé en deux, avec des récits qui cohabitent sans réellement se rejoindre mais constituent une sorte de dyptique onirique/romantique, entre jungle et ville, animalité et humanité : Tropical Maladyest un chef-d’œuvre qui remporte le grand prix du jury, une première pour un film thaïlandais (tout comme la Palme d’or quatre ans plus tard.)

Uncle Boonmee Who Can Recall His Past Lives (2010)

Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures (2010)

Ses cinq longs métrages, ses courts métrages et ses installations lui ont valu une large reconnaissance internationale ainsi que des prix dans de nombreux festivals, dont l’aboutissement fut une Palme d’Or à Cannes en 2010 pour Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures (Lung Boonmee Raluek Chat). Son précédent film Syndromes and A Century (Sang Sattawat, 2006), en sélection officielle au Festival de Venise, fut reconnu par plusieurs classements de 2010 comme l’un des meilleurs films de la dernière décennie. Apichatpong a également monté des expositions et des installations dans de nombreux pays depuis 1998. Cette année, il montera une importante installation pour la Documenta de Kassel. Ses plus récents projets comprennent des films en ligne pour Mubi (Ashes, 2012) ainsi que pour le Walker Art Center aux États-Unis (Three Wonders of the World, 2012). Apichatpong Weerasethakul revient cette année à Cannes avec Mekong Hotel, présenté en Séance spéciale, nouvel essai poético documentaire avec Tilda Swinton. Il travaille actuellement sur un projet axé sur le fleuve Mékong à la frontière thaïlando-laotienne. En quelques films magnifiques, Apichatpong Weerasethakul s’est imposé comme l’une des révélations majeures du cinéma mondial de ces vingt dernières années. Le cinéaste thaïlandais, capable de mêler dans des films poétiques et rêveurs les légendes ancestrales de son pays, un rapport sensuel au monde et à la nature et des nouvelles formes narratives et visuelles empruntées à l’art contemporain, invente un cinéma mutant qui bouleverse nos habitudes de spectateurs et nous emporte vers des territoires inexplorés et proches du sublime. Le quatre autres membres du jury du Concorso internazionale et les jurys des autres sections seront dévoilés ultérieurement. La 65e édition du Festival del film Locarno se déroulera du 1erau 11 août 2012.

La Règle de trois (2011)

La Règle de trois (2011)

Le même jour nous avons appris les résultats du Prix Jean Vigo. Le prix du meilleur long métrage a été attribué à Héléna Klotz pour son premier film L’Age atomique, tandis que le Prix Jean Vigo du meilleur court métrage (ex aequo avec Vincent Dietschy pour La Vie parisienne) revient à Louis Garrel pour le très beau La Règle de trois, interprété par Golshifteh Farahani, Vincent Macaigne et Louis Garrel, présenté en première mondiale au Festival del film Locarno l’été dernier – dans la section « Corti d’autori », édition où Louis était également membre du jury du Concorso internazionale. Nos félicitations aux jeunes lauréats.

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