Olivier Père

L’Art d’aimer de Emmanuel Mouret

L’Art d’aimer d’Emmanuel Mouret sort aujourd’hui dans les salles françaises et romandes, après sa présentation en première mondiale lors du dernier Festival del film Locarno, sur la Piazza Grande. Emmanuel Mouret est un cinéaste à part dans le paysage du jeune cinéma français. Natif de Marseille où il va situer ses premiers courts et longs, il fait des études de cinéma à La fémis et se fait remarquer par un ton et un humour très personnels. Il interprète souvent le rôle principal de ses films. Après Laissons Lucie faire, charmant premier film, la comédie ensoleillée Vénus et Fleur enchante le public de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2004. Mouret retrouve la liberté des films de Jacques Rozier ou de Pascal Thomas, une atmosphère hédoniste et provinciale à contre-courant des modes. L’accueil chaleureux reçu par ce film donne des ailes à Mouret qui donne libre cours à son goût pour les gags verbaux et visuels, les chassés-croisés amoureux et les très jolies comédiennes et enchaîne avec Changement d’adresse, Un baiser s’il vous plaît (film plus sentimental) et Fais-moi plaisir ! (film plus burlesque).
L’Art d’aimer qui emprunte son titre à Ovide mais aussi au bel essai du critique de cinéma Jean Douchet (il n’y a pas de hasard) est sans doute le film le plus accompli de Mouret, qui allie élégance, humour et mélancolie, avec toujours ce même plaisir des mots et des situations inattendues. Désormais installé à Paris, son cinéma est devenu plus stylisé, et l’on pense à Jacques Becker, le plus hollywoodien des cinéastes français. Mouret opte pour un récit choral sophistiqué où se croisent plusieurs hommes et femmes en quête de l’âme sœur. Evidemment rien n’est moins simple et ce sont souvent les chemins les plus farfelus qui mènent les personnages à bon port. Les sujets de prédilection du cinéaste sont inépuisables :

Julie Depardieu et Pascale Arbillot dans L'Art d'aimer (2011)

Julie Depardieu et Pascale Arbillot dans L’Art d’aimer (2011)

l’amour, le désir, la séduction… Mouret cultive l’art de faire faire des jolies choses à des jolies femmes, une définition du cinéma qui en vaut une autre, souvent attribuée à François Truffaut mais qui serait plutôt de Jacques Audiberti, auteur très apprécié par le cinéaste de L’homme qui aimait les femmes.
Dans cet exercice, toutes ses comédiennes, drôlissimes, belles et émouvantes, rayonnent, avec une mention particulière à une nouvelle venue dans l’univers de Mouret, Julie Depardieu, et à Frédérique Bel qui illumine tous les films de Mouret par sa grâce et sa fantaisie depuis Changement d’adresse.

Affiche de Lame de fond de Vincente Minnelli

Affiche de Lame de fond de Vincente Minnelli

Cette semaine, il ne faut pas manquer non plus la reprise en copie neuve d’un beau film de Vincente Minnelli, qui était invisible en salles depuis plusieurs années : Lame de fond (Undercurrent), sur lequel nous avons écrit à l’occasion de la rétrospective Minnelli lors de la 64ème édition du Festival del film Locarno.

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